Hypno-jazz ou le clin d’œil hypnotique à contre-temps !

« Le Bon Médicament »

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Le 24 janvier 1975, la tête penchée en avant, son corps forme un arc de cercle qui entre alors en résonance avec le piano : il commence à jouer seul sur la scène de l’opéra de Cologne « The Köln Concert »

Dès les premiers accords, Keith Jarrett nous plonge dans un espace mouvant qui nous emporte tout au long des quatre séquences, sans offrir d’emprise à nos pensées. Notre écoute devient alors automatique, se laissant orienter, guider, et apaiser par cette interprétation hypnotique. La rythmique lancinante insuffle une énergie qui nourrit son improvisation et réveille peu à peu nos imaginaires. La créativité nait peut-être de cet échange qui se construit spontanément (tel un réflexe) entre le pianiste et l’auditeur, en dehors de toute pensée consciente.

Keith Jarrett

En 1991, Keith Jarrett nous amène aux côtés de Jack De Johnette et Gary Peacock dans un voyage qu’il qualifie de thérapeutique : « The Cure » La suggestion présente dans le titre de l’album sensibilise indiscutablement notre écoute en mobilisant certaines émotions positives.

Mais où se situe l’hypnose dans ces albums et dans le jeu de Keith Jarrett ? Faut-il parler d’effet  hypnotique sur un plan thérapeutique, ou simplement décrire un phénomène de confusion inaugurale, qui ouvre un espace d’apaisement pour l’interprète et pour l’auditeur ?

Laurent de Wilde a composé « le bon médicament », j’ai utilisé ce titre lors de nombreuses consultations, me permettant d’établir rapidement un lien avec le patient, telle une invitation à de l’hypnose « méditationnelle » où le rythme conduit au calme. Mais avec « Le bon médicament », Laurent de Wilde devient il Docteur en médecine ? Bien sûr que Non !… mais il devient sûrement inducteur d’apaisement !

Suis-je alors en train de prétendre que le jazz se révèle thérapeutique ? Ce n’est naturellement pas sa fonction mais sa pratique utilise des instants hypnotiques. Lors du Koln Concert, Keith Jarrett entre vraisemblablement en hypnose. Il joue et interprète, libéré de toute pensée limitante.

Pour conclure, par sa rythmique le jazz nous accompagne immuablement sans savoir vers quoi. C’est précisément cela qui devient hypnotique, nous permettant de nous installer dans la force de l’instant sans crainte et sans nécessité de prévoir la suite.

Keith Jarrett ‎– The Köln Concert

Genre : Jazz Style : Post Bop, Free Improvisation Année : 1975

https://www.discogs.com/fr/Keith-Jarrett

Ecrit par Pascal Vesproumis
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