#Interview : Vincent Peirani

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Grand par la taille, grand par son talent, la nouvelle étoile montante du jazz n’a pas choisi l’instrument le plus facile pour s’exprimer mais, il le fait si bien que de nombreux musiciens lorgnent de très près ses improvisations, là où très peu d’accordéonistes ont su le faire.

Gus Viseur, Tony Murena, Marcel Azzola, Jo Privat ou Richard Galliano pour les plus connus, tous des virtuoses de l’accordéon mais peu ont taquiné le jazz en réussissant à donner à ce son une image inhabituelle où parfois on ne définit pas exactement de quel instrument il s’agit. Le monde musical ne s’y trompe pas, Vincent Peirani comme sideman est déjà sur les tablettes d’une trentaine d’enregistrements  et l’ex étudiant du Conservatoire de Nice fait exploser l’audiomètre quand il remporte en 2013 le prix Django Reinhardt. Ensuite, tout va très vite, il tourne avec You Sun Nah, Michel Portal, Daniel Humair et bien d’autres… qui ne voudrait pas jouer avec celui qui est passé très vite de la clarinette classique au jazz.

Vincent PeiraniJ’aime tellement la musique, même en ayant appris le classique, je jouais dans les festins (terme niçois pour les bals) et un jour un copain m’a filé un disque de Bill Evans et un autre de Sixun le groupe de fusion…j’ai pris une claque en écoutant ces sons tellement différents de mon éducation musicale…ok, d’accord, je vais apprendre et c’est venu tout simplement…

En choisissant le jazz, avez vous pris des références avec les anciens accordéonistes ?

Vincent PeiraniNon, pas du tout…ce n’est pas par choix, c’est juste, ça ne m’est pas venu à l’idée  et puis, un jour, un copain m’a dit …tu sais, il y a un mec qui joue du jazz avec son accordéon…j’ai dit…ah bon ! C’était Richard Galliano et je suis devenu  gallianiste à fond mais, en fait, c’est inspirant d’écouter les autres mais il faut essayer de trouver son propre chemin…il ne faut pas refaire…vous savez, il n’y a qu’un Azzola, un Galliano…

Quelle est la grande différence entre l’accordéon et la clarinette pour le swing ou le rythme ?

Vincent PeiraniCe qu’il y a, c’est qu’avec la clarinette, il y a plus de références, donc on peut être plus inspiré, ça a dû m’aider dans le phrasé de pratiquer un autre instrument, …mais moi, je sais ce qui m’a fait le plus de bien , sans parler de passer d’un instrument à un autre, c’est d’essayer de jouer le plus proche possible sur les disques, j’ai écouté Charlie Parker et Mingus pendant pas mal de temps, j’ai écouté des trucs plus modernes…en fait ce sont des périodes, je ne peux pas dire, je me sens proche de tel mec mais, par contre, il y en a tellement qui m’ont inspiré et qui vont continuer parce que je découvre des musiques tout le temps…

Vous avez inclue la vidéo dans votre travail, pour quelle raison ?

Vincent PeiraniBeaucoup de gens me disaient, là, moi je voyage avec vous, j’ai plein d’images dans la tête…çà m’a fait réfléchir, j’aime bien mélanger des trucs avec des danseurs, avec les théâtreux, avec des peintres…mélanger un peu les Arts, pourquoi ne pas essayer en fait avec cette formation, là ce n’est pas illustrer la musique par des images mais, c’est à la fois, les images qui vont aller dans la musique, la musique qui va aller sur les images, faire un aller retour permanent.

Pour certains, jazz et accordéon ne sonnent pas très bien ?

Vincent Peiranij’entends des gens qui le disent, où d’autres qui découvrent tout ce que l’on peut faire avec cet instrument…parfois on a un a priori mais c’est notre patrimoine, notre identité aussi, en tant qu’accordéoniste français, c’est un truc qu’on peut défendre et dont on peut être fier.

Vous semblez être un éternel insatisfait ?

Vincent PeiraniC’est vrai, je suis un éternel insatisfait mais je travaille quand même sur moi, sur le fait d’être content des choses qui se passent, qui arrivent, il ne faut pas se reposer sur ses lauriers, il faut continuer à travailler pour avancer…alors, du coup, je ne sais pas si c’est lié, mais il n’y a jamais rien qui est fini ou définitif.       

Au fait, si vous allez écouter l’artiste ne croyez pas qu’il a oublié ses chaussures, en concert il ne joue que pieds nus !!!

www.vincent-peirani.com

Ecrit par Jean-Pierre Lamouroux
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