Le Jazz et… La Peinture

Un saxophone au bout du pinceau

Promener son regard dans la lumière d’un musée, puis plonger son âme dans l’obscurité d’un club de jazz. Découvrir l’infinie richesse de la création artistique, multiforme, multidirectionnelle. Se nourrir de couleurs et de sons, de formes et de rythmes pour se libérer des chaînes du quotidien.

De la toile à l’instrument, du pigment à la note, les artistes ont le don de transformer la matière première en trésors. En contemplant « Le joueur de luth »,  je me demande comment le tumultueux Caravage aurait peint un saxophoniste. Il l’aurait probablement auréolé de l’intensité dramatique propre à ses œuvres si fascinantes. Mais le saxophone est un bien trop fringant jeune homme pour avoir pu inspirer les maîtres classiques. Il revient donc aux plasticiens modernes de bénéficier du saxophone comme d’une incroyable source d’inspiration, que ce soit par le mouvement du musicien ou au travers de l’instrument en lui-même. Ses lignes et ses courbes sont autant d’appels à la création.

Le triomphe des peintres New Yorkais

C’est bien sûr au pays du jazz que les œuvres sont les plus abondantes. Dès les années 20, les peintres du mouvement culturel Harlem Renaissance trouvent dans les clubs une source d’inspiration inégalable : Aaron Douglas et ses silhouettes dans des univers en transparence ou Archibald Motley qui, à l’inverse, fait vibrer le jazz dans des explosions de couleurs.

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                                                 Archibald J. Motley Jr. Blues, 1929

Plus récemment, c’est l’oeuvre de Jean-Michel Basquiat qui fait la part belle au jazz avec une trentaine de toiles sur le sujet. Charlie Parker, rebaptisé CPRKR, y a une place prépondérante. En 1985, il intitulera même l’une de ses toiles « Now’s the Time », en hommage au morceau de Bird.

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De l’autre côté de l’Atlantique

Mais l’influence du jazz dans la peinture a traversé l’Atlantique et a inspiré également les artistes européens. Dans son atelier parisien, Mondrian écoute du jazz et y puise une source d’inspiration, de joie et d’émotion. Derrière les lignes et les formes, il y cache un rythme nouveau. Dans un tout autre style, c’est dans la sud de la France, et plus précisément à Nice, que Matisse élabore un album intitulé « Jazz » constitué de vingt-six planches. Fernand Léger, Jean Cocteau, une multitude de peintres ont laissé leur main être guidée par les sonorités si riches de cette musique.

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Version aquarelle

Encore aujourd’hui, le jazz continue d’inspirer les artistes. Silhouette immanquable, Märta Wydler défend son art en croquant les musiciens de jazz qui passent par Nice et la région. Tout à la fois musicienne et peintre, formée à l’Ecole des Beaux-Arts de Zurich, on la voit au milieu du public, une toile malicieusement accrochée devant elle, le pinceau à la main. Avec une vitesse surprenante, elle immortalise les concerts qui se déroulent sous les yeux du public. C’est ainsi que lorsque le saxophoniste s’empare de son instrument, elle l’observe et se lance à la recherche de sa personnalité jusqu’à capter cette expression singulière qui le rend unique.

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Ecrit par Valérie Juan

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