Montreux Jazz Festival, Cinquantième anniversaire !

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Le Montreux Jazz Festival est un événement international connu dans le monde entier. Mais l’édition du cinquantième anniversaire l’a pour moi consacré meilleur festival de l’été 2016. 

Dès le 30 juin à l’ouverture au Casino Barrière avec le double concert de Charles Lloyd et Monty Alexander jusqu’au 16 juillet avec le grand final Dweezil Zappa (fils de Frank) et Deep Purple, nous avons eu pendant deux semaines une véritable parade de stars internationales, et ce, dans tous les styles  de musiques : jazz, fusion, rock, blues, latino, le tout dans le cadre magnifique du lac de Montreux. Et dans toute la ville, on pouvait ressentir la présence et l’âme du regretté  Claude Nobs, le  créateur  et directeur du festival.

Quincy Jones, John Scofield, Marcus Miller, Carlos Santana, ZZ Top, Steps Ahead, Antonio Farao, Richard Bona,  Patti Smith, Kenny Barron, Dave Holland, Randy Weston, Manu Katché, Chico Freeman, Ivan Lins, Joao Bosco; Bill Evans, Jamie Cullum et bien d’autres encore…Un énorme programme pour l’auditorium Stravinsky et le Montreux Jazz Club, avec une pléiade de stars.

Très émouvant concert de Neil Young avec son nouveau groupe, qui a su recréer l’atmosphère intimiste de « Harvest »  et « Comes a time’’, avec beaucoup de ballades  à la guitare acoustique et au piano. Le grand Van Morrison, toujours impeccable, avec de fabuleux musiciens et son fameux caractère irlandais …

Pour moi, l’un des meilleurs moments a été le concert de Buddy Guy, l’un des derniers bluesmen de la grande époque de Chicago,  il m’a impressionné par sa performance éclectique, pleine d’énergie et  chargée d’émotion… et pourtant, ce n’est pas la première fois que je vois Buddy Guy live !

Dans la « rock cave » nous avons écouté des artistes underground, ou des groupes de hard-rock comme Slayer, ou encore le punk de Glen Matlock, bassiste des Sex Pistols, et aussi plein de jeunes musiciens de talent, très prometteurs pour l’avenir de cette musique.

Beaucoup de manifestations autour du festival, comme les très intéressantes « master classes »  gratuites de une heure et demie tous les après-midi,  avec les artistes du festival. Richard Bona, toujours très sympathique, a raconté beaucoup d’histoires sur l’Afrique, a traduit les paroles africaines de ses morceaux, et a bien sûr joué de la basse en solo. Marcus Miller a présenté deux jeunes musiciens (guitare et claviers) de son orchestre, a raconté ses débuts dans le monde de la musique, sa carrière de musicien de studio à New York et Los Angeles et sa rencontre avec Miles Davis, et comment il en est arrivé à produire l’album « Tutu »  de ce dernier.

Très intéressantes rencontres aussi avec Robben Ford et Al Jarreau, mais la plus intéressante pour moi fut celle  avec Quincy Jones, qui fut le codirecteur du festival avec Claude Nobs à partir de 1990.

La rencontre a débuté avec un journaliste qui a présenté Quincy ; et  une brève vidéo qui retraçait la carrière du légendaire producteur. Puis, très disposé  à se raconter et  à discuter avec le public, Quincy parla de son amitié avec Ray Charles, Clark Terry, George Benson, etc. Il raconta aussi comment il avait produit « Thriller » de Michaël Jackson, l’album aux 100 millions de copies vendues, comment ils avaient écrit 800 chansons pour finalement en choisir 9, et narra beaucoup d’autres anecdotes.

Quincy Jones est le seul producteur au monde qui a réussi à faire rejouer à Miles Davis  les compositions enregistrées dans les années 50 avec Gil Evans, et dans ce live avec deux orchestres jouant ensemble !  Il a raconté qu’il connaissait Miles depuis des années, mais n’avait jamais encore travaillé avec lui. Le  Jazz Festival de Montreux lui  en donna l’occasion, en 1991. « J’ai appelé  Miles, et je lui ai expliqué mon projet. Après une minute d’hésitation, il m’a dit « OK »  et  il a ajouté :

« I dont want money for the concert, Quincy. Just buy me a Ferrari »°

Il y eut aussi les après-midi Montreux Jazz  Compétition, avec le concours de guitare présidé par John Mc Laughlin, où j’ai rencontré  Giovanni Di Carlo, classe 1994, un jeune musicien italien venu de Termoli, qui m’a impressionné par sa technique et sa sensibilité, je suis certain que l’on entendra parler à l’avenir ; pour le moment il prépare un master au Conservatoire Royal de Bruxelles.

Pendant le mois de juillet à Montreux on respire de la musique 24 h sur 24h, avec les concerts à l’auditorium, les masters classes, les concerts dans le parc, les jam-sessions au « Funky Claud’s » ou au « Jazz Lab », à partir de minuit et jusqu’à l’aube, et sur les rives du lac, des milliers de personnes ravies de ces moments magiques.

Que du bonheur !

° « Je ne veux pas d’argent pour le concert, Quincy, achète-moi juste une Ferrari »

www.montreuxjazzfestival.com

Ecrit par Claudio Citarella
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