Portrait : Ronnie Rae Junior

ronnie 3Il est plus que temps de rendre hommage à l’un des meilleurs pianistes officiant dans la région, et un exemple vivant de la « coolitude » et de la « jazz attitude » (ce qui revient souvent au même), je veux parler de Ronnie Rae Jr. Né en 1963 à Edimbourg, Ecosse, Ronnie fait partie de l’une des plus grandes familles musicales de sa contrée natale.

Son père, Ronnie Rae Sr, est l’un des plus grands contrebassistes du Royaume-Uni, sa belle-mère Fiona Duncan, une des plus grandes chanteuses de jazz dit « traditionnel » de ce même Royaume, et son frère John Rae, un batteur de haut niveau. Dans un tel contexte familial, son talent ne pouvait que s’épanouir. Il commence très jeune le piano, par l’inévitable musique classique, mais se trouve très tôt un penchant pour le jazz et l’improvisation, ayant entendu son géniteur se produire avec les meilleurs musiciens américains de passage. Lui-même se retrouvera vite à taquiner les 88 notes derrière des légendes du jazz telles que le tromboniste Al Gray ou le trompettiste Red Rodney, compagnon de route de Charlie Parker. Il s’installe en France au début des années 90 et devient rapidement une figure incontournable de la scène musicale française, particulièrement sur la Côte d’Azur, mais pas seulement. Son jeu tout en finesse fait l’admiration de plusieurs grands musiciens et il participe aux projets de gens comme Sylvain Luc, Stéphane Belmondo, Jean-Paul et Régis Ceccarelli, Jean-Marc Jafet (avec qui il continue à collaborer aujourd’hui), le regretté François Chassagnite, Shirley Bunnie-Foy et bien d’autres… Comment décrire le jeu de Ronnie Rae, cet exemple de précision diabolique et d’inspiration angélique? Disons que l’on retrouve dans son jeu tout un pan de l’histoire du jazz (mais pas uniquement), des années 40 jusqu’à aujourd’hui.

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Ses maîtres sont nombreux et divers, il admire autant le swing imparable d’un Oscar Peterson que le be-bop chaleureux et riche d’un Red Garland (pianiste du 1er grand quintet de Miles Davis), aussi bien la tendresse et la légèreté d’un Bill Evans que le funk inexorable d’un Herbie Hancock. D’ailleurs, à l’instar de ce dernier, son goût pour toutes les facettes de la musique afro-américaine va l’amener à se frotter au funk (avec le grand Scott Parker Allen au sein du East Orange Funk Band), au folk-rock jazzy à la Joni Mitchell avec Marjorie Martinez (un bel album intitulé sobrement «Marjorie Martinez Quartet » avec Jafet et Alain Asplanato, batteur du N.J.O. dans lequel chante aussi Marjorie), au reggae avec Anthony Caligagan, au swing des années 40 avec les Boogiemen, au flamenco avec Christian Fernandez, etc. Un véritable caméléon (comme dirait Hancock, hé hé..), mais qui à l’inverse de l’animal, garde sa personnalité propre, quel que soit le style dans lequel il officie. Néanmoins, sa passion première reste le jazz qu’il pratique sous toutes ses formes, bop, modal, fusion.

ronnie & jayTout cela devrait se retrouver sur l’album qu’il enregistre actuellement avec la complicité de plusieurs batteurs et bassistes, ainsi qu’avec le concours de musiciens venus de son Ecosse natale, qui devraient parfumer l’œuvre de quelques effluves celtiques. Car l’énergumène compose également, et de fort belle manière. On peut actuellement l’entendre dans plusieurs formations, dont le Nice Trio, avec Jafet et Asplanato. Ne ratez pas une occasion de voir et surtout d’écouter ce pianiste, qui est véritablement un musicien d’exception, et un homme plein d’humour. La région PACA est une pépinière de talents musicaux, et Ronnie Rae Jr en est l’un des fleurons.

 

Ecrit par Gilbert D'Alto
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