#INTERVIEW Marc Peillon “40 ans de carrière” #RIP
Notre ami le contrebassiste Marc Peillon nous a quittés ce samedi 16 mai 2020. Voici un article paru dans Jazzophone #10. Contrebassiste reconnu, directeur adjoint du conservatoire intercommunal du SIVOM de Villefranche-sur-Mer, professeur de basse et de contrebasse au conservatoire d’Antibes, organisateur d’évènements, Marc Peillon a bien quatre cordes à son arc, comme son instrument ! Suite →
#Chronique : Riccardo Del Fra “Moving People”
David Olère avait peint les camps de la mort. John Coltrane s’était révolté contre l’assassinat de noirs dans une église en écrivant Alabama. Le contrebassiste Riccardo Del Fra écrit Moving People, une fresque musicale qui l’inscrit dans la lignée des artistes engagés contre l’injustice. Suite →
#LesMots qui Swinguent : Round Midnight
Un diamant noir dans son écrin de velours attend le baiser de la nuit. Round Midnight nous fait entrer dans le cœur du jazz. Thelonious Monk aurait composé ce thème emblématique à l’âge de 19 ans. Suite →
#Chronique : Alex Monfort Trio “Introspection”
Alex Monfort sera dans quelques années l’un des plus grands pianistes de Jazz français. Son dernier album Introspection ne laisse aucun doute sur la concrétisation de cette prophétie. Suite →
#Jazz & #Litterature : Monk est né ! Vive Monk ! de Laurent de Wilde
Imaginez un kaleidoscope qui pénètrerait dans votre intimité et la projetterait vers l’extérieur sous forme d’images en nombre infini, dont chacune serait une version de vous. C’est l’œil de Laurent de Wilde sur Thelonious Monk, auquel il consacrera d’ailleurs son prochain album prévu pour l’automne. Suite →
Les Mots qui swinguent – Lush Life
Il faut avoir vécu pour écrire Lush Life, et pourtant Billy Strayhorn n’avait que 15 ans quand il en a composé la première version, paroles et musique. On y trouve une mélodie qui se déroule comme un synopsis, sans répétition de couplets identiques et soutenue par des harmonies typiquement strayhorniennes. Initialement intitulé « Life is Lonely », le morceau se présente en deux volets : un verse et le thème. Suite →
Petit Condensé de Réflexion Jazzistique (sans sucre !)
Vous voulez une autobiographie qui fait réfléchir ? Lisez “Really the Blues”¹ de Mezz Mezzrow. Le clarinettiste y présente sa vision du jazz. Suite →
#INTERVIEW Jean-Michel Pilc : « La Musique me traverse »
Jean-Michel Pilc vient d’enregistrer son quatrième album en solo intitulé Parallel, qui sort le 1er juin 2018 sous le label néerlandais Challenge records. Cette œuvre se présente sous la forme d’un double album de pièces musicales, à la fois des compositions et des arrangements de standards. Un opus qui reflète l’originalité et la pureté de l’expression qui caractérisent le pianiste, musicalement et humainement. Arrêt du temps pour une interview de l’un des meilleurs pianistes de jazz actuels.
#INTERVIEW Monk sous la plume de son parolier Jon Hendricks
MONK SOUS LA PLUME DE SON PAROLIER JON HENDRICKS
Selon les informations recueillies auprès de Michèle Hendricks, sa fille
Par Yaël Angel
Thelonious Monk aurait eu cent ans le 10 octobre 2017. Si les vocalistes peuvent lui rendre hommage, c’est notamment grâce à l’œuvre de Jon Hendricks.
« Jon Hendricks, you the only motherfucker I want writtin’ lyrics to my songs »1.
Jon considère cette phrase de Monk comme le plus beau compliment de sa vie. Qu’à cela ne tienne : il écrira sur ses morceaux les plus « vocaux ». Si certaines paroles n’ont pu voir le jour du fait de batailles entre éditeurs, on doit à Jon Hendricks sept des textes que Carmen McRae interprètera sur son album « Carmen Sings Monk » paru en 1988 chez Novus : Pannonica (Little Butterfly), Ask Me Now (How I Wish), Reflections (Looking Back), In Walked Bud (Suddenly), Rhythm-a-Ning (Listen To Monk), I Mean You (You Know Who) et Monk’s Dream (Man, That Was a Dream). Comment tout cela a-t-il commencé ?
« In Walked Jon »
Jon Hendricks se concentre dans la salle d’attente du studio d’enregistrement. Alors qu’il était venu là en simple auditeur, Monk lui a lancé quelque chose du genre : « – Tu aimerais chanter sur In Walked Bud ? ». Il a vingt minutes pour composer les paroles qui lui manquent pour chanter. Suddenly, la version vocale d’In Walked Bud, fera le tour du monde, en commençant par cette session d’enregistrement mémorable d’un album à la pochette non moins mythique : « Underground », paru chez Columbia Records. Les paroles (ci-dessous) dépeignent cet âge d’or où les stars du Be Bop comme Dizzy, Bud ou Monk se retrouvaient à la fin de leurs concerts respectifs pour jammer jusqu’à l’aube. Elles mettent aussi en exergue le jeu unique de Monk.
Monk, le pianiste percussionniste
« Monk was thumpin’ « Monk martelait les touches du piano Suddenly in walked Bud Soudain Bud est entré
And then they got into somethin’” Et ça déménageait”
Monk ne posait pas ses doigts en arrondi comme le veut la technique, mais parallèlement aux touches, ce qui fait qu’il les « percutait ». Cela rend son jeu inimitable, mais lui a aussi valu de cruelles critiques, parce que cette position ne permet ni souplesse ni vélocité. Mais Monk n’était pas un musicien de « performance ». Il s’était d’ailleurs mis une grosse bague tournante au doigt, qu’il remettait sans cesse à l’endroit pour, dira-t-il, s’empêcher de jouer trop vite !
Mais pas pour l’empêcher de swinguer ! Au contraire, si l’on doit souligner un aspect plus qu’un autre, c’est peut-être sa recherche du placement rythmique « juste ». Il disait : « If you think you swing, then swing some more ! »2. Jon Hendricks l’écrit ainsi dans Listen To Monk, la version vocale de Rhythm-a-Ning:
« Some folks swing, some others don’t “Certains swinguent, d’autres non
Don’t you be the kind that won’t Ne sois pas de ceux-là
Thelonious can do that Thelonious peut faire ça
You listen to this cat” Écoute ce gars.”
Monk joue Monk
Toute sa vie, Monk a fait du Monk. Johnny Griffin l’avait entendu jouer des phrases d’Art Tatum, puis déclarer : « Ca ne m’intéresse pas de jouer comme ça (…) c’est de l’imitation ». Il avait la même sincérité dans sa vie privée. Regardez son sourire sur les vidéos pour vous en convaincre. Pas étonnant comme similitude: on joue ce que l’on est. Jon admirait cela et c’est aussi la raison pour laquelle il a tant créé pour lui.
Dans Monk’s Dream (« Le rêve de Monk »), il écrit :
I dreamed of a life that was pure and true (…) Je rêvais d’une vie pure et vraie (…)
I knew it was music I had to play Je savais que je devais jouer de la musique
I dreamed when I played, I would play my way Je rêvais que, quand je jouerais, ce serait
à ma façon
Munie des textes de Jon Hendricks, la musique de Monk a pris un autre visage. En la rendant plus accessible à certains auditeurs, il en a élargi la diffusion. Amis dans la vie, amis dans la musique, ces deux monuments du jazz avaient ceci en commun : privilégier l’émotion et ne pas céder à la facilité. Certainement deux qualités qui font qu’un artiste traverse l’Histoire.
1 « Jon Hendricks, tu es le seul …… (Hum) dont je veux bien des paroles sur mes chansons »
2 « Si vous croyez que vous swinguez, et bien swinguez plus ! »