#Chronique #Souvenirs #70ans Nice Jazz Festival : Cornélien dilemme et scène de ménage

Le 16 juillet 1986, je me rendais, accompagné de ma compagne d’alors, à la Grande Parade du jazz me préparant à une grande soirée au vu de l’alléchant programme présenté ce soir-là.

Qu’on en juge : le légendaire trompettiste de Saint Louis, Clark Terry, qui plus tard dans la soirée est supposé rejoindre l’orchestre du pianiste Jay Mc Shann, qui lança Charlie Parker, et qui ouvrait les festivités à 17h, car à l’époque les artistes se produisaient plusieurs fois dans la même journée (ce qui va causer le dilemme qui donne son nom à cet article), le bluesman de Chicago Otis Rush, le pianiste français Georges Arvanitas, roi des clubs parisiens, Herbie Hancock et son quartet « All Star » (Branford Marsalis, Ron Carter, Al Foster !!); et surtout Dr John, le voodoo doctor de New Orléans venu en compagnie du batteur Bernard Purdie, figure incontournable du groove s’il en est, ancien accompagnateur dAretha Franklin, de BB King, et même de la star de ce soir-là, mon idole absolue, Miles Davis, qui devait rentrer sur la scène du Jardin à 22h15. Une affiche de folie, donc. Après nous être régalés des performances de Jay Mc Shann, Clark Terry, et consorts, mon épouse et moi même nous sommes orientés vers la Scène Matisse où se produisait Dr John, the Night Tripper. Le bon docteur en grande forme donna un récital incroyable, plein de son groove à nul autre pareil, avec cette voix rocailleuse qui chante les plaisirs de la « Crescent city » avec une gouaille inimitable. Un moment de pur bonheur, qui ravit ma compagne aux racines anglo-caribéennes, et donc très sensible à ce son épicé et funky.

Également ravi, je lui proposais d’aller justement goûter un gumbo avant d’aller écouter Herbie Hancock puis Miles Davis, ce à quoi elle acquiesça. Mais las, Dr John se produisait de nouveau, et en même temps que Miles Davis !

Après 10 minutes, ma chère et tendre, peu sensible aux pyrotechnies Davisiennes, même soutenues par Bob Berg et Robben Ford, me planta là et s’en retourna remuer son charmant popotin chez le bon docteur. Ulcéré, je la traitais de béotienne, insensible aux beautés prodiguées par la trompette. Elle n’en eut cure, et le retour s’effectua dans une atmosphère pour le moins tendue… Moralité : la musique n’adoucit pas toujours les moeurs (conjugaux, en tous cas).

www.nicejazzfestival.fr

Ecrit par Gilbert D'Alto

Les commentaires sont fermés.

  • Les concerts Jazz et +

  • Le Jazzophone