#Interview : André Ceccarelli

On ne présente plus André Ceccarelli, certainement le musicien niçois de jazz le plus connu au monde (avec Richard Galliano, qui est cannois, d’ailleurs). Il débute avec Les Chats Sauvages en 1962, jusqu’aux collaborations avec les plus grands jazzmen du monde, Chick Corea, Dee Dee Bridgewater, René Urtreger, et bien d’autres encore ; aussi bien qu’avec de grands chanteurs comme Claude Nougaro à qui il a récemment rendu hommage avec l’album « À nous Garo » avec la participation de David Lynx au chant. Celui qui est familièrement surnommé « dédé » était venu à Nice pour un concert au Théâtre National afin de présenter son projet Asta réalisé avec Thomas Bramerie (remplacé par Diego Imbert ce soir-là), Antonio Farao et Sylvain Beuf.

Alors André ? ASTA ç‘est tout nouveau et c’est déjà un succès vu l’affluence à ce concert, mais est-ce un projet ponctuel ou cela va-t-il continuer ?

André Ceccarelli : Oui, ça va continuer, mais il faut trouver des espaces où se produire, et de plus nous avons tous d’autres projets en sus de celui-là.

Justement quels sont les tiens ?

André Ceccarelli : Oh, j’ai plein de projets en cours de réalisation ! Tout d’abord j’ai eu la chance de participer au disque « Pour Michel » hommage à Michel Petrucciani, de Laurent Coulondre, que l’on va bientôt jouer sur scène ; j’aime beaucoup jouer avec de jeunes musiciens très doués comme lui. J’ai également un projet en trio avec Sylvain Luc, avec à la basse soit Richard Bona, soit Thomas Bramerie. Je continue WE R 4, avec Sly Johnson, Laurent De Wilde et Fifi Chayeb ; j’ai aussi un projet avec Jean-Pierre Como, un autre avec Giovanni Mirabassi ; un avec le chanteur italien Walter Ricci ; je dois faire un disque avec Sylvain Luc et Hadrien Féraud, et un avec Sly Johnson basé sur des chansons de jazz… Je vais également retravailler en trio avec Thierry Eliez, et aussi avec ce grand accordéoniste qu’est Christophe Lampidecchia. Et aussi Felipe Cabrera, Minino Garay, Remi Vignolo à la contrebasse… J’ai énormément de projets en cours.

Que devient TROC ?

André Ceccarelli : TROC est hélas un peu en jachère, car Alex Ligertwood, le chanteur, vit à Los Angeles, ce qui ne rend pas les choses faciles, et en plus nous avons fait les estivales l’an dernier, mais après on ne peut pas dire que les propositions de tournées aient afflué… nous faisons environ deux concerts par an, ce qui est malheureusement très peu.

Es-tu optimiste sur l’avenir du jazz, en France et ailleurs ?

André Ceccarelli : Tout à fait. Tout d‘abord pour la simple et bonne raison qu’il y a de plus en plus de jeunes musiciens très bons, et que les conservatoires accueillent de plus en plus d’élèves en classe de jazz. Le conservatoire de Nice a été une pépinière de talents, par exemple… de partout, en france et ailleurs, émergent de nouveaux musiciens remplis d’espoir, de volonté et possédant une grande aisance technique.

N’y a-t-il pas une pénurie d’endroits où jouer ?

André Ceccarelli : Il est certain qu’à partir de 1963/1964, nous avons connu une période dorée, avec une multiplication d’endroits où jouer, mais ce n’était pas toujours du jazz, loin de là. En revanche à partir des années 2000, ça s’est un peu raréfié… mais je reste optimiste et confiant.

Quelle est la différence notable pour les jeunes musiciens la période où tu as débuté et maintenant ?

André Ceccarelli : L’efficacité, je dirais. Ils savent très bien se vendre, gérer leur carrière, faire leur promo, utiliser les nouvelles technologies pour se faire connaître, vendre leurs disques dans les concerts… Nous, nous ne maîtrisions pas tout cela, l’important avant tout pour nous était de jouer.

Quelques mots sur le jazz niçois ?

André Ceccarelli : Nice a toujours été une pépinière de talents pour le jazz. Les musiciens de talent de Nice, et du Sud-Est en général sont trop nombreux pour être tous cités, mais il y a véritablement un axe paris-Nice, avec des échanges très fructueux entre les deux villes.

Ecrit par Gilbert D'Alto
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