#Interview : Anne Pacéo

Lors d’un récent concert au festival Jazz sous les Bigaradiers, à La Gaude, nous avons rencontré la batteuse, chanteuse et compositrice Anne PacéoNous avons pu lui poser quelques questions, sur sa carrière et son futur album Bright Shadows, qui sort fin janvier sur le Label Laborie Jazz.

Vous faites de la musique en professionnelle depuis plus de 15 ans. Est-ce que le choix du jazz est tout de suite apparu comme moyen d’expression évident?

Anne Pacéo : Non, au départ je faisais du rock, le jazz est venu par hasard. Je n’en écoutais pas du tout, puis je suis venu à Paris avec ma mère, il y avait une école de musique qui recherchait un batteur ou une batteuse pour un atelier de jazz pour des ados, ma mère m’a dit, tu n’as pas de groupe à Paris, vas-y. Et cela a commencé comme ça, en fait. C’était sympa puis je suis allé au festival « Les Enfants du Jazz » à Barcelonnette et ça a été la révélation lors d’un concert de Kenny Garrett. Et c’est là que je me suis dit, voilà, c’est le métier que je veux faire, batteuse de jazz!

Pour venir à la compositrice, sur quels instruments composez-vous, piano, guitare, voix ou papier-crayon ?

Anne Pacéo : Je compose en chantant les idées qui me viennent, je les enregistre sur un petit dictaphone, après je me sers du piano pour les habiller, trouver des accords, enrichir la mélodie. Mais cela vient à la base du chant.

Même si vos deux premiers albums Triphase et Empreintes sont déjà très structurés, votre musique prend de l’ampleur à partir de Yôkaï, le passage du trio au quintet, mais aussi l’intégration de musique, de sonorités, extérieur au Jazz. Cela vient-il de vos voyages, d’une envie de métissage ou de l’apport de nouveaux partenaires musicaux?

Anne Pacéo : Pour Yokaï, ce qui était très différent c’est que c’est le premier disque où j’ai composé toute la musique. Sinon effectivement, c’est venu du fait de voyager, d’être inspiré par tel ou tel pays. Une ouverture sur le monde qui a fait que ma musique s’est transformée.    

Le chant prend de plus en plus d’importance dans vos disques, votre voix ou celles d’autres chanteuses, comment vous l’intégrez dans votre processus de création?

Anne Pacéo : Comme je le disais, le chant c’est le commencement. En fait comme toutes les mélodies quand je les écris, je les chante, cela devient une évidence qu’elles soient reprises ensuite par des voix.

Vous jouez aussi dans plusieurs projets comme Sidewoman, avec, par exemple, Christophe Imbs tout récemment. Comment les choisissez-vous maintenant que votre carrière en leader prend de l’importance?

Anne Pacéo : Ce sont des coups de cœur. Je travaille avec des artistes dont la musique me plaît et avec qui humainement cela fonctionne bien. C’est très important dans ce que l’on fait.

Qu’est que ces collaborations apportent ensuite à votre propre musique? Vos propres compositions? 

Anne Pacéo : Oui, forcément, cela vient nourrir un peu mes propos. Cela montre aussi d’autres manières de travailler. Chaque artiste avec lequel j’ai travaillé m’a apporté quelque chose. Par exemple j’ai beaucoup travaillé au début avec des chanteurs, des chanteuses, cela a aussi contribué à modeler mon envie de voix et de paroles. C’est typique dans Bright Shadows, c’est un album de chansons, certes sous des formes non conventionnelles. Porter ma musique avec des mots, cela vient sûrement du fait que j’ai bossé avec des gens tels que Jeanne Added, Mélissa Laveaux, Christian Olivier et d’autres.   

On vient d’évoquer votre nouveau projet Bright Shadows l’album ne contiendra pas d’instrumental donc?

Anne Pacéo : Si, il y a quand même quelques instrumentaux, mais surtout, les morceaux laissent une grande place aux instrumentistes et à l’improvisation. On va retrouver Christophe Panzani et Pierre Perchaud. J’aime bien développer des compagnonnages au long cours avec les musiciens, cela rend la musique plus profonde. Il y aura des morceaux avec des paroles, d’autres avec des voix qui chantent de simples syllabes d’une langue imaginaire, ou un morceau très lyrique où les voix se mêlent aux instruments.  

Pour finir deux petites questions. Maintenant que vous avez joué avec Archie Shepp, avec quel musicien aimeriez-vous jouer ?

Anne Pacéo : Il y en a beaucoup. J’adorerais jouer avec Bill Frisell par exemple, mais c’est dans l’ordre des rêves. J’aimerais beaucoup jouer aussi, avec un chanteur qui fait de l’électro, James Blake. Et aussi, mais je ne dois pas être la seule, jouer avec Keith Jarrett. 

Et son corollaire, avec quel musicien auriez-vous aimé jouer?

Anne Pacéo : (Elle répond sans hésiter) John Coltrane, mais on doit être nombreux dans ce cas.

Anne Pacéo, merci beaucoup !

Ecrit par Jacques Lerognon
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