#Interview : Eli Degibri

C’était le 19 juillet 2019, que l’envoyé spécial du Jazzophone a rencontré le saxophoniste Eli Degibri, avant sa prestation à Jazz à Juan, certainement l’un des musiciens les plus importants de cette scène israélienne qui à l’instar d’autres pays (Éthiopie, Angleterre, Japon…) prouve que le jazz ne se vit plus uniquement aux États-Unis et en Europe. Eli Degibri, qui va se produire également au « Red Sea Jazz Festival » dont il est le directeur artistique à Eilat, ville jumelée avec Antibes-Juan-les-Pins, a aimablement accepté de se confier à nous au cours d’une interview.

Bonjour, Eli Degibri, content d’être de retour sur la Côte d’Azur ?

Eli Degibri : Oui, votre région m’a toujours chaleureusement accueilli, que ce soit à Antibes où à Nice. Je serai d’ailleurs de retour dans la région en novembre pour jouer à Monaco en première partie de mon ancien leader (et ami) Herbie Hancock. 

Vous avez quitté New York, où vous habitiez pendant de nombreuses années, pour retourner en Israël. Pourquoi ce choix ?

Eli Degibri : Tout simplement pour retrouver mes racines. Je suis retourné vivre à Tel-Aviv depuis huit ans maintenant. Et, de plus mon quartet régulier, celui que vous allez entendre ce soir (Tom Oren, piano, Tamir Schmerling, contrebasse et Eviattar Slivnik, batterie) y demeure aussi, ce qui facilite grandement les choses ! 

Justement, pouvez-vous nous dire quelques mots sur la scène jazz israélienne actuelle ?

Eli Degibri : Elle est florissante ! Le succès d’Avishai Cohen (le contrebassiste) a ouvert les portes à toute une génération d’excellents musiciens comme Omer Avital, Shai Maestro, Omri Mor (qui s’était produit à Jazz à Juan cinq jours auparavant, N.D.L.R.) et beaucoup, beaucoup d’autres… Si le passage par New York reste incontournable pour un jazzman, nous pouvons également mettre dans notre musique ce que le jazz israélien a de particulier, avec ses influences qui viennent aussi du Moyen-Orient et de l’Europe de l’Est, en sus de la musique afro-américaine. Et tous les artistes que je viens de citer, et les autres aussi, font une musique éminemment personnelle et originale.

Vous venez de publier l’album « Soul station – A tribute to Hank Mobley », un hommage à un grand ténor de la tradition hard-bop afro-américaine, vedette du mythique label Blue Note justement… Pourquoi ce choix ? 

Eli Degibri : Parce que Hank Mobley est véritablement un géant du saxophone ténor, trop méconnu aujourd’hui. Pourtant il est pratiquement l’égal d’un John Coltrane ou d’un Wayne Shorter. Et d’ailleurs comme ces deux derniers, il a joué dans le quintette de Miles Davis. Je l’ai toujours beaucoup écouté, et il était normal pour moi de lui rendre hommage, et particulièrement à son album « Soul Station » qui a été l’un de mes disques de chevet pendant des années.

Vous êtes encore cette année, et pour la septième fois consécutive le directeur artistique du « Red Sea Jazz Festival » qui se tient à Eilat, ville jumelée à avec Juan-les-Pins. Quelle est votre opinion sur cette expérience ?

Eli Degibri : C’est passionnant et épuisant à la fois. Je dois d’ailleurs m’y préparer, car il a lieu fin août, et de je vais y jouer en trio avec Ron Carter et Al Foster, deux anciens sidemen de Miles Davis. Un grand challenge! Il y aura aussi d’autres grands artistes comme Kenny Garrett ou Enrico Rava, Avishai Cohen sera là aussi, et aussi votre compatriote le guitariste Richard Manetti.

On a beaucoup parlé de John Coltrane il y deux ans, lors du 50e anniversaire de son décès, et vous allez jouer tout à l’heure sur la scène mythique, où il y 54 ans de cela John Coltrane a joué pour la seule et unique fois de sa carrière l’intégralité de son « A love Supreme ». Coltrane est-il une influence majeure pour vous ?

Eli Degibri : Absolument. Plus que majeure, il est la raison principale qui m’a fait passer du saxophone alto, dont j’écoutais les maitres Bird, Mc Lean, Art Pepper, etc., au saxophone ténor, car après avoir découvert Coltrane, je ne voulais plus jouer que du ténor, comme lui. C’est une référence absolue.

A l’heure actuelle, et ça sera ma dernière question, voyez-vous un grand avenir pour le jazz ?

Eli Degibri : Oui, car je voyage beaucoup et je vois que tout autour du monde cette musique est présente, et de jeunes musiciens continuent à la faire vivre, tout en la mélangeant à la musique de leur époque, mais en connaissant la tradition. Je suis plein d’espoir !

Alors, Jazz lives ?

Eli Degibri : Jazz Lives !

https://www.degibri.com

Ecrit par Gilbert D'Alto

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