#Interview : La Harpe hypnotisante de Rossitza Milevska

La harpe de Rossitza Milevska ne correspond pas à l’image angélique habituelle. En fait, elle est plutôt diabolique !!!

L’observation sur scène de son jeu de pédale et de sa gestuelle presque déchaînée sur cet instrument ultra classique, laisse imaginer qu’elle danse avec sa harpe ou qu’elle hypnotise le public… ou qu’elle libère simplement cet instrument, afin d’offrir l’opportunité au plus grand nombre de découvrir ce potentiel insoupçonné venu d’une autre dimension, figé dans une autre époque !!!

Je confirme qu’en « Live » ce duo « elle et sa harpe » émerveille chaque spectateur. Sans hésitation et par pure conviction, Rossitza Milevska a sorti son 4e album sous son nom et, comme les précédents, produit et distribué par elle-même. Avec Steps elle franchit un pas de plus dans la réalisation de son rêve, atteignant un palier plus haut de sa carrière. En vue de confirmer cette réussite, elle a concocté le concert de Steps : le 17 janvier 2020 au Théâtre Francis Gag à Nice ; un spectacle unique de musique et audiovisuel.

Considérant que les harpistes de jazz se comptent sur les doigts d’une main, c’est épatant de réaliser que le plus excitant de ces cinq est une Niçoise ! Sous tous les angles, elle est un véritable phénomène, ses initiatives artistiques méritant un coup de projecteur. donc pour mieux comprendre les secrets de ce trésor azuréen, une interview était essentielle. pour être à l’aise, cet entretien se déroula à l’endroit où j’avais vu Rossitza Milevska plusieurs fois : La Cave Romagnan, le temple culturel de Nice… et à l’heure impeccable de la journée (juste avant la sieste de Manu).

S’il te plaît, démystifie-nous ton histoire, et raconte rapidement qui tu es, d’où tu viens et pourquoi tu es ici !

Rossitza Milevska : Je viens de Bulgarie, un beau petit pays de l’autre côté de l’Europe. Je viens d’une famille de musiciens amateurs. J’ai fait tout un parcours bien sérieux de musique classique dans une école d’enfants surdoués. J’ai fini avec deux spécialités, piano et harpe. par la suite, j’ai terminé le Conservatoire supérieur en harpe classique et puis j’ai décidé de venir ici pour étudier avec une grande dame de la harpe classique française, Élisabeth Fontan-Binoche. donc, à 22 ans, j’ai quitté Sofia et me suis installée à Nice pour poursuivre la réalisation de mes rêves.

Et c’était quoi tes rêves ?!

Rossitza Milevska : D’apprendre. Grâce à un inter podium de harpe, j’avais vu tout ce qu’Élisabeth Fontan-Binoche pouvait enseigner aux élèves. donc, j’ai décidé de la rejoindre pour approfondir mes connaissances. parallèlement, j’avais toujours aimé chanter, improviser, sortir les partitions par l’oreille, mais je ne savais pas comment l’écrire. Une fois ici, je me suis également inscrite au Conservatoire de Nice, intégrant la classe de piano jazz de Robert Persi. Mon cursus s’est terminé avec la délivrance d’un DEM en jazz harpe. C’était super important de finir ce que j’avais commencé.

Jazz harpe ?! Il n’y a pratiquement aucun harpiste dans le jazz… en dehors d’Alice Coltrane !

Rossitza Milevska : Si si, il y a toujours eu les petites étincelles ici et là, qui ont essayé de faire bouger cet instrument ancien (elle rit) oui, la harpe était jouée depuis l’âge d’or de l’Égypte ! Il faut quand même mentionner Deborah Henson-Conant et Park Stickney qui sont de vrais harpistes de jazz ainsi qu’Edmar Castañeda qui joue une harpe colombienne (sans pédale). Nous sommes très différents l’un de l’autre, mais notre but commun est de rendre cet instrument très moderne, très accessible, agréable, et montrer aux gens toutes les possibilités qu’offre la harpe.

Parlons un peu de ta musique… ou plutôt tes musiques ! C’est sûr qu’en tant que jazzwoman, tu fais vraiment du jazz, mais tu as toujours fait aussi un peu de pop, musique classique, tango… et une bonne dose de musique traditionnelle de chez toi !

Rossitza Milevska : Aah j’adore ça ; jazzwoman ! La musique pour moi est quelque chose de vivant. J’aimerais ne pas avoir à définir que je suis une harpiste de jazz ou du monde. Je suis juste une harpiste d’aujourd’hui, qui cherche, qui invente… et il existe tellement de genres de musique dignes d’intérêt. Je ne cache pas l’influence de la musique classique et je suis ravie de revisiter et jazzifier la musique traditionnelle bulgare. Tous ces chants, ces belles mélodies et ces rythmes composés… qui parlent à plein de gens ; Avishai Cohen, Shai Maestro, Tigran Hamasyan ont tous pioché dans le répertoire musical de mon pays natal… pourquoi pas moi ?

Tu viens de sortir ton nouvel album Steps et, à cette occasion, tu as préparé un concert exceptionnel… et j’imagine que c’est toi la productrice de tout ça ! Pourquoi Steps (les pas) ?

Rossitza Milevska : Justement, quand je cherchais le titre pour cet album, je me suis souvenue de tous mes pas pour arriver à ce point, et je continue à avancer, pas à pas. Intituler l’album Steps était justifié pour moi, car, jusque-là, j’ai assuré seule et à tout prix chaque étape de mon développement artistique. par contre, pas un seul morceau ne s’appelle ainsi… juste un petit clin d’œil au groupe Steps Ahead ! En tous cas, si on connaît notre destination, tous les pas nous aident à avancer. Je ne sais pas si c’est mon album le plus jazz, mais je sens que c’est le plus réussi… naturellement ! C’est sûr que, depuis mon dernier album TRI, j’inclus de plus en plus mes écritures et des arrangements tentés à La Note Bleue. Le concert du 17 janvier 2020 au Théâtre Francis Gag est en fait un spectacle avec mes compositions parues sur ce nouvel album livré par mes musiciens habituels et 4 choristes ainsi qu’un écran géant qui traverse avec nous plein de choses… et c’est comme ça que ça devient un spectacle et pas seulement un concert.

www.rossitzamilevska.com

Ecrit par Sir Ali

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