#INTERVIEW « La Marche Paisible » de Jimmy Owens

Si vous avez encore un vieux vinyle des années 60/70 de Lionel Hampton, Charles Mingus ou Count Basie, il y a parmi les trompettistes de ces orchestres un certain Jimmy Owens et pour ceux qui ont connu la Grande Parade du Jazz aux Arènes de Cimiez à Nice, il fut un guest star très apprécié… bon, c’était hier… aujourd’hui, à 74 ans, bon pied bon œil, il est revenu sur la Côte d’Azur, invité par ABC Music Project à l’Espace culturel et Solidaire, Forum Jorge François à Nice. Rencontre…

S’il a perdu son immense chevelure crépue, style soixante-huitard, il a conservé un excellent souffle, que ce soit à la trompette ou au bugle, la patte des grands souffleurs, un dynamisme qu’il entretient en jouant le plus souvent avec des jeunes musiciens italiens (Chico Capiozzo (batterie) – Mecco Guidi (orgue) – Daniele Santimone (guitare)) avec lesquels il a enregistré Peaceful Waking (la Marche paisible), une douzaine de titres qui rendent hommage à tous les grands jazzmen qui ont jalonné sa carrière, un patchwork de styles… tout bon auditeur de jazz peut reconnaître qui était au bout de l’instrument… pourrait-on dire, ses pairs ont influencé ses compositions, il en parle avec volupté :

  • Jimmy Owens : « j’ai pris l’excitation avec Lionel Hampton, la grande musique avec Mingus, le côté suave avec Duke Ellington et le swing avec Count Basie… j’ai beaucoup avancé avec eux et parfois, il y avait des moments assez drôles, par exemple, Duke Ellington , parfois, subitement, se mettait en arrière et il laissait ses musiciens devenir fous… j’ai appris aussi quand je venais chez vous à la Grande Parade du jazz, ils venaient tous pour plusieurs jours. On pouvait s’écouter, se parler, on mangeait ensemble, c’était exaltant… j’ai aussi une belle histoire avec Miles Davis… j’avais 15 ans, je suis allé à une répétition pour voir la fameuse trompette bleue de de Miles… je m’approche et j’entends, tu fais de la trompette petit ? Alors joue quelque chose… et incroyable, les musiciens se sont greffés sur mon standard, il y avait Bill Evans, Cannonball Adderley et Coltrane, çà commençait bien pour moi… »

Si Jimmy Owens a joué avec les plus grands, obtenu des dizaines de récompenses, son nom est aussi connu pour ce qu’il fait en dehors de jouer de la trompette. Il est conférencier, enseignant et il a créé des associations et il collabore avec d’autres en faveur des musiciens en détresse ou âgés, que ce soit sur le plan financier ou médical.

  • Jimmy Owens : « Si un musicien tombe malade et qu’il ne peut plus payé son loyer ou son docteur parce qu’il n’a pas d’assurance, nous l’aidons en attendant qu’il retrouve du travail… vous savez, j’ai tellement vu de musiciens avant moi se casser la gueule et de n’être plus rien tout en ayant apporté leurs talents à la musique de jazz, que je pouvais au moins faire cela pour eux… »

Comment voyez-vous le jazz en ce moment ?

  • Jimmy Owens : « Les jeunes ne s’occupent pas du côté négatif, ils pensent, ils réfléchissent, ils s’occupent de bizness et il y a Internet, ils peuvent retrouver des disques introuvables et s’inspirer de çà. Très vite, on peut écouter toutes les musiques, les musiciens du monde entier et les tendances en vogue sur son ordinateur. »

Avant de nous quitter, Jimmy nous rappelé que c’est à Nice en 1983 qu’il a rencontré sa femme photographe et que, depuis il aime revenir à Nice au Négresco où il y a la statue de Miles Davis créée par Niki de Saint Phalle.

  • Jimmy Owens : « Vous voyez, le jazz est le battement du cœur de l’homme »

http://www.jimmyowensjazz.com

Ecrit par Jean-Pierre Lamouroux

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