#Interview : Sacha Sosno, l’amoureux du jazz

L’installation estivale de l’oeuvre de Sacha Sosno Avis de grand beau s’est achevée à Antibes ces derniers jours. Parmi les oeuvres présentées retraçant un parcours de plus de 30 années de travail artistique sur l’oblitération, une seule demeurera : un saxophone érigé au sein de la pinède de Juan-les-Pins, en hommage au jazz.

Disparu en 2013, Sacha Sosno aurait été heureux de contempler son saxo se dresser face aux pins monumentaux de la pinède Gould. Oblitéré par le vide, l’instrument inauguré en juin dernier s’offre désormais au regard du passant. Pour l’auteur de la Tête Carrée, l’art doit sortir des lieux de culte qui lui sont dévolus pour faire corps avec l’urbain :« Il faut que l’artiste fasse le trottoir, descende dans la rue pour se donner à voir ».

A travers l’oeuvre imaginée par Sosno, c’est le souffle du jazz qui est convoqué ici pour poétiser un lieu chargé d’histoire : celle des musiciens qui ont enchanté les nuits d’un festival bientôt soixantenaire, que l’artiste affectionnait beaucoup. Car le son de la note bleue résonne tôt chez Sacha : « A la maison il y avait constamment de la musique, essentiellement du jazz. Sacha avait une grande collection de disques. Dès que je suis arrivée sur la côte, en 1979, j’étais plongée dans cette atmosphère, très marquée par le jazz. Je me rappelle, je travaillais à Biot, je le rejoignais à Juan pour assister au festival, c’était extraordinaire », nous raconte sa femme Mascha Sosno, qui a supervisé la réalisation du saxo.

Le choix de l’instrument n’est d’ailleurs pas fortuit :  » Sacha était très ami avec Barney Wilen, et puis je lui avais offert un saxo, il en jouait, il prenait des cours, un de ses amis en jouait très bien, on faisait des fêtes incroyables avec ce saxo ! », se souvient Mascha.

Le maître de l’oblitération entretenait ainsi un lien étroit avec la musique et le jazz en particulier, dont la pratique épouse ses aspirations d’artiste : «  Sacha refusait d’apprendre le solfège, de rentrer dans le moule, il voulait être un créateur ». Au diable la partition ! Si le jazz, par l’improvisation libre, répond au désir d’expérimentation et de recherche de l’artiste, la chaleur et l’énergie des musiques latines l’enthousiasment également : » Il adorait la salsa, c’est pourquoi nous avons pris un voilier et nous sommes partis dans les îles en Atlantique jusqu’au Vénézuela pour voyager, écouter du jazz et de la salsa ».  La musique comme promesse d’altérité ? Le saxo de Sosno témoigne de l’hommage rendu au jazz, cette musique parvenue d’autres rives qui convoque celui qui l’écoute vers la traversée infinie du Monde. 

www.sosno.com

Ecrit par Benjamin Grinda

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