#Interview : Youn Sun Nah « Une rencontre amicale, sur son universalisation !!! »

Impossible n’est pas jazz ! Un de ses miracles du 21e siècle est l’ascension de Youn Sun Nah. Timide, la bonne fée coréenne se démarque totalement d’Ella, de Billie et des autres divas du jazz. En 2001, Youn Sun Nah débute sa carrière devant un public majoritairement de puristes qui refusent de la considérer comme une jazzwoman ! 

Au fil des ans, elle se sculpte une place unique dans le cœur d’un public de choix, devenant la chanteuse la plus aimée de l’hexagone.  Chaque fois, elle suscite l’étonnement. Elle exhale une foudre, d’émotion, sans tabou et sans aucune limite qui ne laisse personne indifférent. Cette diva des temps modernes est une vocaliste aux mille voix, proche d’Yma Sumac pour son timbre et sa tessiture. Youn Sun Nah scat sans effort à l’image d’une grande dame du scat, avec son style et son vocabulaire. Après plusieurs albums chez ACT Records, ce printemps, Miss Nah, soutenue par une production moins confidentielle, nous ouvre les portes d’un nouveau jardin : Immersion, son 10ème album. Il se révèle être une plongée profonde dans le parcours exceptionnel de cette vraie artiste. Produit pour une division de Warner serait-ce le début de l’universalisation ou simplement une nouvelle voie à explorer.

Immersion. En un seul mot, tu réponds à de nombreux sujets et évoques d’autres intrigues ! Donc, pourquoi Immersion ?!

Youn Sun NahJ’étais en pleine immersion quand j’ai enregistré cet album. Jusqu’à présent, tous ceux que j’ai enregistrés étaient presque des Lives. Je les ai toujours faits en deux jours de studio comme un mini live avec une ou deux prises, ce qui est rapide. Je ne sais pas pourquoi mais, l’année dernière, j’ai eu envie de prendre un peu plus de temps en enregistrant un album. Je voulais avoir un son différent pour élaborer et explorer mes compositions ainsi que le potentiel de ma voix.  Par ailleurs, j’avais rencontré Clément Ducol en 2014 sur un projet d’hommage à Nina Simone et ce fut très intéressant de travailler avec lui. Percussionniste, arrangeur, il est aussi à la recherche du son. Quatre ans plus tard, le moment était venu, de faire ce nouvel album avec lui. Nous sommes d’abord entrés en studio, le temps que ce multi-instrumentiste créer la base d’un univers. Puis le violoncelliste Pierre-François Dufour nous a rejoints. Il joue de la batterie et d’autres instruments d’une façon inhabituelle ! Donc, nous étions trois, dans un petit studio, en immersion totale, du début à la fin, sans être pressés.

Beaucoup de tes compositions invitent le public à faire une plongée plus profonde dans ton univers !

Youn Sun Nah : Je ne me considère pas comme une compositrice. En fait, avant je n’osais pas inclure mes chansons, pensant qu’elles n’étaient pas au niveau. Mais au fil du temps, j’ai pris ça plus au sérieux et j’étais prête à me lancer dans cette voie. Parallèlement, Clément Ducol m’encourageait à faire l’album entier avec ma musique. Comme j’aime reprendre les chansons, cet album n’est que pour moitié constitué de mes compos. 

C’était une excellente idée, surtout que le tube de l’album, Mystic River, est ta composition ! Tes reprises sont plus pointues et philosophiques que jamais ! Parmi, Mercy Mercy Me de Marvin Gaye, que tu as remodelé la mélodie et le rythme!

Youn Sun Nah : Cette chanson, je l’avais plutôt choisie pour ses paroles et son message. C’est incroyable de voir que l’avertissement écologique qu’il a donné il y a 40 ans reste intact. Rien n’a changé, le monde n’a pas évolué. Ça me fait réfléchir sur les problèmes environnementaux, sur l’état de la planète dans quatre décennies !

Pour moi, God’s Gonna Cut You Down est l’intrigue absolue de l’album ! Ta version de cette chanson de pêcheur dangereux est même encore plus illustrée que celle de Johnny Cash ou Marylin Manson !!

Youn Sun Nah : Oui, on a vraiment osé avec cette chanson et on se permet d’aller loin, avec les expérimentations et les potentiels de la production au point de saturer la voix !!

Consciente de la violence et de la pollution aux US, après Séoul et Paris, tu es maintenant installée à New York. Planifies-tu de conquérir le public américain ?

Youn Sun Nah : Bien sûr, l’album va sortir là-bas et je serai contente d’y donner des concerts mais ce n’est pas ma priorité.

Pourquoi ?

Youn Sun Nah : Là-bas, c’est un grand océan et on ne sait pas sa profondeur. Je vais continuer ce que j’ai commencé ici, en France depuis 20 ans et tant mieux si j’y trouve ma place, sans changer ma personnalité.

Je te souhaite un concert au Carnegie Hall à l’occasion de la sortie de ton prochain album.

www.younsunnah.com

Ecrit par Sir Ali

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