#Jazz et #Cinéma : « Too Late Blues » de John Cassavetes 

Titré en français « La Ballade des sans-espoir » Too Late blues est un film du génial pionnier du cinéma indépendant US, John Cassavetes, qui décrit la vie d’un orchestre de jazz blanc de la West Coast et de leur chanteuse, leurs difficultés financières et amoureuses, leurs échecs et aussi les compromissions de leur art.

C’est le deuxième film de John Cassavetes, sorti en 1961 après Shadows, film lui aussi marqué par ce jazz qui passionne Cassavetes puis qu’il en confia la musique à Charles Mingus. N‘oublions pas que la même année il tenait le rôle d’un pianiste de jazz détective dans le feuilleton devenu culte Johnny Staccato. Dans Too Late blues film comme le premier tourné en noir et blanc, les rôles principaux sont confiés à deux grandes vedettes de l’époque, le chanteur Bobby Darin dans le rôle du pianiste John Ghost Wakefield, et Stella Stevens dans celui de la chanteuse Jess Polanski, filmée d’ailleurs de très près ; une marque de fabrique qu‘il emploiera dans ses films suivants, dans Faces en particulier. Comme son titre l’indique Too Late blues est une partition mélancolique sur le métier de musicien de jazz, ses joies, mais aussi ses vicissitudes : contrats foireux, job miteux de pianiste de bar pour survivre, compensées par l’alcool (de longues scènes de beuveries parsèment le film). Travaillant pour une major (Paramount) John Cassavetes est moins libre que dans ses films autoproduits, mais on y retrouve son attachement à des personnages qui sont des perdants magnifiques pour paraphraser Leonard Cohen, remplis d’humanité. Comment, en voyant ce film, ne pas penser à Chet Baker, Art Pepper, ces jazzmen blancs de la Côte Ouest et leur esthétique du « cool » qui dissimule sous sa douceur câline un mal de vivre certain ? Hélas, ce très beau film fut un semi-échec commercial, et augmenta encore plus la défiance de John Cassavetes envers les studios : « Pour faire ce film correctement, j’avais besoin de six mois, et j’ai accepté de le réaliser en trente jours, travaillant avec des gens qui ne m’aimaient pas, qui n’avaient pas confiance en moi, et qui ne se souciaient pas du film ». Il reste néanmoins un magnifique témoignage, sur une époque et des aspects du jazz, rarement exploités par le cinéma américain.

Ecrit par Gilbert D'Alto

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