#Jazz et #Littérature « Jazz » de Toni Morrison #RIP

Toni Morrison vient de nous quitter ce 7 août 2019 à l’âge de 88 ans  Voici ce qu’écrivait le Jazzophone en janvier dernier au sujet de cette grande dame de la littérature américaine : Huitième femme a avoir obtenu le Prix Nobel de Littérature, et à ce jour seule afro-américaine, Toni Morrison a construit son oeuvre autour de l’histoire de ce même peuple afro-américain.

Seconde partie d’une trilogie commencée avec « Beloved » narrant la période de l’esclavage et se terminant avec « Paradise » (les conséquences des révoltes des années 60 et 70 ) « Jazz »  se déroule dans le Harlem des années 20, la fameuse période de la Harlem Renaissance, du Cotton Club, période où le jazz était roi.

Si le blues et le gospel teintaient le précédent roman, ici c’est Duke Ellington, Fletcher HendersonJosephine Baker ou Cab Calloway que l’on entend en lisant ces pages.

Mais si le Jazz donne son titre au roman, il n’en est pas le sujet central, loin de là, même si il y est constamment présent en filigrane. « Jazz » est ce que l’on appelle un roman choral, et ce sont trois ou quatre personnages à qui Toni Morrison accorde sa plume. Ces voix expriment tour à tour leur témoignage réciproque sur ce quartier de « The Big City », et plus particulièrement sur le voisinage des habitants de l’avenue Lennox qui fonctionne comme l’artère principale du quartier. Les racines sudistes des personnages sont aussi constamment présentes, car la plupart d’entre eux en sont originaires, et sont venus à New York dans l’espoir d’une vie meilleure que celle qu’ils avaient dans les états du Sud qui pratiquent la ségrégation (rappelons qu’elle ne faut abolie qu’en 1962). Le lecteur de « Jazz » va errer dans l’espace et dans le temps, entre Sud profond et New York, entre religiosité profonde et décadence urbaine, crime et passion, Beauté et tentation. Le tout rythmé par cette musique qui annonce le radical changement d’époque que subit le peuple noir, et même le peuple américain tout entier, prohibition, crise économique de 29, industrialisation d’un pays jusque-là fortement rural, tout cela apparait dans cette oeuvre magistrale qui ne devrait laisser personne indifférent, et les lecteurs du Jazzophone passionnés de jazz et d’histoire américaine, et plus particulièrement afro-américaine, encore moins.

« Jazz » de Toni Morrison. Éditions 10/18.

Rencontre avec Toni Morrison à New York dans La Grande Librairie sur France 5

Ecrit par Gilbert D'Alto

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