#Jazz & #Peinture : Ben, le blues, la jazz, le désir, la vie

A l’heure où ces lignes s’écrivent, la grande rétrospective (qu’il ne souhaitait pas comme telle) de l’artiste helvético-niçois s’ouvre au chantier 109, dans les anciens abattoirs de la Ville de Nice. Une exposition du passé, mais également du présent et de l’avenir, avec l’invitation de nombreux artistes et amis qui ont partagé son parcours, ainsi que de jeunes créateurs.

Car depuis son installation à Nice en 1949, nombre d’artistes ont croisé son chemin, durant plus de 60 années de création qui ont marqué l’histoire artistique du territoire par les Actions et autres gestes artistiques du trublion de l’art contemporain niçois. « La vie est un film », affirme l’artiste. Si le rôle de Ben Vautier est pétri d’une farouche volonté de vivre, c’est bien par ce cri primal, un tantinet angoissé et profondément jubilatoire que le créateur est advenu au monde :  » j’existe ! ». La suite, on la connaît : exister c’est créer. Pour l’artiste Fluxus, l’art est dans la vie. Sans doute la réciproque est-elle vraie. D’où la fameuse antienne d’un Robert Filliou inspiré :« L’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art ». On ne pouvait envisager plus belle manière de célébrer la vie par ce continuum entre l’art et le réel. Non par l’élévation de la vie à la dignité de l’art -car de dignité il n’y a pas-, mais par l’infatigable affirmation que « la vie ne s’arrête jamais ». Elle absorbe tout, tel un trou noir dans lequel l’art s’engouffre. « Absolument n’importe quoi est art » ? L’art se retrouve de fait partout, répond l’artiste, tant qu’on le décide. Geste Duchampien poussé à son paroxysme, Ben Vautier s’approprie tout, toujours avec beaucoup d’humour, sans éluder le volet réflexif de son intervention qui suscite le débat : le geste laisse toujours sa trace. Ne se résumant pas à l’acte clownesque, l’oeuvre de Ben accouche de nouvelles perspectives pour l’homme ordinaire. Un au-delà du monde bien salvateur en ces temps désenchantés, toujours affairés à la destruction de la conscience et du désir. 

Quel remède plus roboratif que la musique pour ré-enchanter son monde ? Ben le sait, le mouvement Fluxus dont il est issu est très attaché aux expérimentations sonores, au bruit et à l’indétermination de la musique. Lui-même, compositeur Fluxus, est également adorateur du blues et amateur de jazz. Si le blues le fascine autant, c’est qu’il l’habite sans doute aussi, comme pour chacun d’entre nous : c’est ainsi que résonne et nous console la note bleue.

www.ben-vautier.com

Ecrit par Benjamin Grinda

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