De la musique avant toute prose.
Jean Michel dessine un hommage à Charlie Parker. Fond noir, peinture blanche. Il en met partout. Il a choisi un format carré, genre pochette d’album. Jean Michel a pour nom Basquiat et ses phrases sont extraites de la dernière novella de Marc Villard, « Jean Michel de Brooklyn » (Cohen & Cohen éditeurs, collection Art Noir). Poète, scénariste de films et de bandes dessinées, Marc Villard a choisi dès ses débuts dans le roman, en 1980, d’écrire des polars, des nouvelles noires, des récits sombres.
Quoique nombre de ses textes soit totalement décalé, hilarant, empli d’humour et d’autodérision (En particulier ses autofictions comme. « Un jour je serais latin lover » ou bien encore « Elles sont folles de mon corps »). Dans tous les cas, quelque soient les thèmes évoqués par l’écrivain français, les notes de musique s’intercalent entre les mots et s’immiscent dans le rythme même de la narration. Car Marc Villard aime la musique, beaucoup, intensément. Il la connait bien. Il en parle, très bien. Avec une préférence marquée pour le jazz. Des références continuelles : et tout d’abord des personnages qui gravitent dans ce genre, des musiciens, bien sûr, comme le saxophoniste de La vie d’artiste ou Diana, la pianiste et Alex, la guitariste de Cœur sombre. Où l’écrivain n’en finit pas de décrire avec talent et passion « Les soubresauts déviants de la note bleue.… Le jazz éternel envapant des terres brûlées et finissantes. » mais aussi des amateurs, des patrons de boite de nuit, des passionnés comme Basquiat. Ce n’est pas non plus une rengaine éternelle et il sait aussi évoquer d’autres genres comme le rock et le blues dans des textes comme « Sharon Tate ne verra pas Altamont « ou « La guitare de Bo Diddley « (Ne manquez pas la superbe adaptation en B.D. avec son complice Jean Christophe Chauzy). Mais on sent bien qu’on n’est jamais loin d’un standard comme dans « Petite mort sortie Rambuteau « où les cadavres sont balancés à trente mètres du New Morning et dans les baffles à Tony, » a love suprême. » Et quand son ami Jean Bernard Pouy lui donne comme contrainte d’écrire une nouvelle sur le rock’n’roll, son personnage Tony Vegga abandonne le rythme binaire pour « muter » en batteur de jazz. Et l’auteur de rajouter malicieusement Tony s’acheta une conduite.
La musique est aussi, avant tout dirais je, dans la scansion, le souffle, les sonorités qui suintent des mots, des phrases, et ce, quelque soit les thèmes abordées, quelque soit la longueur du texte (avec une prédilection pour les nouvelles, plus de cinq mille à ce jour). Le lecteur pourra ainsi se régaler au fil des chorus, solos, improvisations. On passe du talking blues au slam, de plaintes de guitares désaccordées à des accords plaqués sur des désaccords majeurs. Et il faut faire l’expérience de lire à haute voix certains passages pour en apprécier la mélopée. D’ailleurs, Marc Villard lit parfois ses textes en public, souvent accompagné par un musicien. Dans ces moments-là, on sent bien que l’écrivain utilise sa plume – bon, le clavier – comme un instrument pour construire des syncopes, des contretemps qui résonnent, ainsi que le destin de ses personnages, longtemps dans nos esprits.
www.marcvillard.net
« Le Top Ten de Marc Villard : »
Eddy Louiss / Sang Mélé
Charles Mingus / Mingus Mingus Mingus Mingus Mingus
Miles Davis / Milestones
Django Reinhardt / My Serenade (vol 3)
Paul Desmond / Take Ten
Peirani-Parisien / Belle Epoque
John Coltrane / Olé
Cannonball Adderley / Portrait of Cannonball
Sclavis-Texier-Romano / Suite Africaine
Art Blakey et les Jazz Messengers au Club St Germain
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