#Jazz & #Polar : Roman noir et Note Bleue

La rencontre avec le pianiste Joe Albany et sa fille Amy-Jo, c’est fait sur la table d’un bouquiniste, en dénichant l’édition grand format (avec sa superbe couverture) aux éditions « Le Nouvel Attila » de « Low Down ».

Cet ouvrage signé Amy-Jo Albany n’est pas une biographie classique mais une série de notes, une collection de souvenirs, d’une gamine entre huit et quinze ans, de la vie avec son père, fameux pianiste de jazz. Le livre est sous-titré « Jazz, came et autres contes de la Princesse Be-Bop ». Princesse Be-Bop, surnom que lui donne son père dès son plus jeune âge.

« Souvent, je songeais que mon père était né de la musique – une mélodie entêtée qui prit la forme d’un homme. Il entendait de la musique partout, dans le grincement de ressorts rouillés du lit et le bourdonnement des mouches. Pour lui, les robinets qui goutent étaient remplis de rythmes, comme les clignotements irréguliers du néon déglingué derrière notre fenêtre »

Une adolescence à part donc, avec un père musicien célèbre qui est soit défoncé, soit en prison ou en cure de désintoxication. Mais quand il est devant un piano, les souvenirs deviennent des éclairs de lumière. « Tu es ma fan N°1 » lui dit Joe, cigarette au bec, les mains qui parcourt le clavier. « Qu’est-ce que je te joue maintenant? – Over The Rainbow répond-elle » et là, magie du jazz, tous les cauchemars sont oubliés. Il y a les femmes aussi dans la vie de la petite. Sa mère qui fait quelques apparitions, boit beaucoup et repart presque aussitôt rejoindre Allen Ginsberg. Les petites amies de son père, souvent pas beaucoup plus vielles quelle, se succèdent. « Des affaires d’amour inconsidérées ». Elles amènent de la fraicheur mais guère de présence maternelle. Seul la grand-mère, (la mamma de la famille italo-américaine) est toujours présente pour prendre le relais des défaillances de Joe, et elles seront nombreuses. Les vinyles s’entassent à la maison, le père, ses amis, en ramènent dès qu’ils peuvent. Amy-Jo les écoute compulsivement, remettant inlassablement la même plage du même disque comme pour s’en gargariser. Joe lui racontera sa rencontre en 46 avec Parker et le tout jeune Miles Davis puis avec Art Pepper avec qui il ne partage pas que l’amour du jazz. Alors qu’elle rejoint son père à Amsterdam, elle échangera même avec Chet Baker… Une vie cabossée ! L’éditeur français a rajouté un très intéressant index des noms propres et des disques cités. Pour compléter la lecture, on peut aussi dénicher le DVD du film « Low Down » inspiré de ces récits, réalisé par Jeff Preiss en 2015. Pour l’anecdote il est produit par Flea et Anthony Kiedis, respectivement chanteur et bassiste de Red Hot Chili Peppers.

A-J Albany « Low Down » – Le Nouvel Attila – 2015 (réédition 10/18-2017)
Traduction de Clélia Laventure. 

Discographie sélective:

« The Right Combination » – Riverside 1957 avec Wayne Marsh et Bob Whitlock. « Live In Paris » – fresh Sound – 1977 – trio avec Aldo Romano et Alby Cullaz 

« The Albany Touch » – Sea Breeze – 1977 – émouvant piano solo

Ecrit par Jacques Lerognon

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