#JAZZ & #LITTERATURE : Fats Waller d’Igort et Sampayo

Récemment parue cette bande dessinée réunie, en 155 pages, les deux tomes de la biographie par Sampayo et Igort, du pianiste–chanteur de jazz Thomas Wright Waller, plus connu sous le nom de Fats Waller. Le gros Waller.

Carlos Sampayo, le scénariste argentin que l’on sait sensible aux méfaits des dictatures, a choisi de raconter la vie de Waller depuis 1937, le début de ses grands succès jusqu’à sa mort en 1943. Mais surtout, il mêle les anecdotes concernant le pianiste aux évènements qui vont faire basculer le monde dans le chaos de l’autre côté de l’atlantique. La vieille Europe sombre dans le fascisme et bientôt la guerre, Fats lui sombre dans l’alcool, mais reste solide derrière le Steinway des studios RCA où il enregistre, en solo, son petit plaisir, son rêve raté de musicien classique (les vrais, pense-t-il). Les brigades internationales tentent de résister, Fats écrit Honeysuckle Rose pour une de ses nombreuses bonnes amies. Il voudrait apporter de la joie. Il voudrait surtout être respecté, mais ce n’est pas évident pour un noir, un nègre, dans le New York des années 30. On va croiser, au gré des cases, les pianistes Earl Hines et Art Tatum, amis, mais rivaux de Fats.

À eux trois, ils vont inventer le piano jazz moderne. Les cases, c’est la partie du dessinateur italien, sarde, Igort. Il réussit parfaitement à mettre en images, l’ambiance jazzy de New York, les clubs, les studios, les hôtels, les rues dans lesquels évolue Waller. De même, ses dessins, côté Europe, réussissent à mettre mal à l’aise le lecteur. Et pourtant, il n’utilise pas de grand effet, chaque page n’a que trois bandes, cinq cases maximum. Des couleurs pastels dans les ocres, beiges, orangés, seuls les quelques bleus, ceux du costume de Fats Waller, irradient, éclairent de sombres propos. Igort nous offre aussi quelques beaux portraits du pianiste. On a aussi l’impression qu’il s’est délecté à dessiner les immeubles de Manhattan. Son Flat Iron Building, on pourrait presque y pénétrer.

Cette réédition comporte, en bonus, un prologue de deux planches et surtout en toute fin, un portfolio de plus de 20 pages à la fois postface, making-of d’Igort, repères biographiques, ainsi qu’un long article sur Fats, de notre confrère Francis Marmande. The joint is jumping, indubitablement !

https://www.casterman.com

  • 144 pages – 24.1 x 32 cm
  • Couleur – Relié
  • ISBN : 9782203146648
  • EAN : 9782203146648
Ecrit par Jacques Lerognon

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