Les Bons Conseils du DR Jazzophone #4

Ami.e du Jazzophone, lorsque nous nous sommes séparés, avant l’été, tu t’adonnais aux plaisirs de la course. Officiellement, l’objectif était d’être fidèle à la devise « Men sana in corpore sano », de reprendre la main sur son futur (harmonie du corps, de l’esprit et surconsommation de quinoa et graines de courge).  Officieusement, nous ne sommes pas dupes. Tu es de retour dans le game avec le désir de séduire. Et tes sacrifices ont payé puisque tu as obtenu un rendez-vous, sans passer par une application (ce qui aujourd’hui mérite le respect). 

Tu t’apprêtes à accueillir cette personne dans ton modeste foyer et tu as mis les petits plats dans les grands : vidéo imitation feu de cheminée en boucle sur ta télé, magnifique peignoir pourpre en imitation fourrure, chaussons avec tes initiales brodées dessus, champagne premier prix au frais, fraises en provenance d’Espagne, peau de bête jetée négligemment sur le sol, bougies aromatisées. Nous avons affaire à un véritable Seigneur de l’amour. Tout est prêt jusqu’à ce que le petit étourdi que tu es se rende compte qu’il a omis l’ambiance musicale. Et qui vient-on solliciter, comme à chaque fois ? L’inépuisable, quoiqu’un peu lassé, Docteur Jazzophone.

Choix n°1 : tu proposes de commencer en douceur avec Miles Davis « Ascenseur pour l’échafaud ». Je dois t’avouer que parfois tu m’effraies. Je conçois que l’album soit fantastique, mais la personne va prendre la fuite, persuadée que tu veux attenter à sa vie. Tu vas te retrouver comme un âne, sur ton canapé, à engloutir un pot de glace en regardant une comédie romantique multi rediffusée sur une chaine de la TNT.

Choix n°2 : tu changes de braquet et tu sélectionnes un album de Maxwell « Maxwell’s Urban Hang Suite ». Je vais être très clair : ton accoutrement était déjà très limite, mais avec cette ambiance musicale, difficile de cacher ton jeu. Tu poursuis en lui susurrant du Barry White et elle va avoir l’impression d’être une dinde pour Noël. Et il est hors de question que le Dr soit complice !

Choix n°3 : tu délègues au Docteur. Tu retrouves enfin le chemin de la raison. Il va falloir s’employer à gommer immédiatement la première image déplorable que tu viens de donner. Tu vires toutes tes cochonneries et on revient aux fondamentaux : tenue propre et casual, Bourgogne ou Côtes du Rhône (rouge ou blanc), amuses bouches et on sort deux vinyles : « In the mood for love » de John Coltrane & Duke Ellington puis José James « The Dreamer ».

Si l’être désiré ne succombe pas pendant les morceaux « Desire » et « Love », j’arrête ma chronique et je lance une production de fromage de chèvre dans le haut-pays.

Ecrit par Cyril Hely

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