Les Doors : les prémices du jazz-rock.

Les Doors.  Groupe mythique s’il en fut, furent les premiers à poser les bases de ce qui deviendra le jazz-rock. Si le style commence à faire des apparitions dans le jazz, en particulier grâce à Miles Davis ( « Bitches Brew  » ) ou Charles Lloyd ( « Forest flower  » ),  dans le rock ou la pop , ce mélange est inconnu.  Ce sont les Doors, et particulièrement le pianiste/organiste Ray Manzarek et le batteur John Densmore , qui intégreront les premiers le jazz dans leur musique.

Manzarek est un grand admirateur de Dave Brubeck, et Densmore de Max Roach,( batteur de Charlie Parker ) avec lequel il suivit des cours. Tous deux fans de jazz , ils n’auront de cesse de faire des clins d’oeil à cette musique. De son côté , le guitariste , Robbie Krieger, s’il est un spécialiste du flamenco (  » Spanish Caravan  » ) apprécie aussi le jazz, en particulier Wes Montgomery et Barney Kessel.

Dés leurs premiers enregistrements (  » The Doors  » , 1967 ), ils intègrent d’autres musiques que le rock and roll ou le blues.  Leur premier single   » Break on through  » est basé sur la bossa nova , qui vient d’être popularisée en Amérique du Nord par le saxophoniste Stan Getz .

Leur chanteur, le mythique Jim Morrison, est plus réticent  face à cette approche . Fan d’ Elvis Presley et de blues, il a une  vision beaucoup plus « terrienne  » de la musique. Néanmoins, le jazz est toujours présent , mêlé au psychédélisme ambiant dans ces années 60. Rock, blues, jazz et LSD  seront les matrices de qui fera des Doors un des groupes les plus connus et emblématiques de cette révolution sociale , politique et musicale dont nous ressentons les effets encore aujourd’hui.  Dès le premier album,  la longue pièce  » The End « ,  entre jazz modal et musique indienne, couplée avec les obsessions de Morrison ( le complexe d’Oedipe ) fait des Doors un des leaders de cette révolution. La suite le confirmera. Dès le second album  » Strange days  » à la pochette fellinienne , ( Morrison et Manzarek étaient étudiants en cinéma à UCLA, l’un de leurs condisciples était une certain Francis Ford Coppola, qui,  bien plus tard , utilisera la musique des Doors pour son monumental  » Apocalypse Now « ).

 

The Doors Strange Days - Red Label UK vinyl LP album (LP record) K42016

 

On peut voir d’ailleurs dans le  » The Doors « le film que leur a consacré Oliver Stone, un passage où ils font nommément référence à leurs influences jazz, en particulier Coltrane  ( « My favorite things « ) et Miles Davis.

J’ajouterai qu’à l’époque, les changements de mentalité font tomber les barrières quelles qu’elles soient , musicales ou autres. En 1969; par exemple, Keith Jarrett joue beaucoup Dylan (  » My back pages « )…

Peu après , en 1970, d’autres groupes, tels Chicago  et Blood, Sweat & Tears, intégreront le jazz à leur musique. Mais ce sont des groupes « à cuivres  » , les Doors n’en possèdent aucun, même si ces derniers seront présents  sur l’album  » The Soft Parade  » où de véritables jazzmen font leur apparition ( Curtis Amy, sax , George Bohannon, trombone ).  Les rock-critics de l’époque parlent de  »trahison « . On le voit d’ailleurs aussi dans le film d’Oliver Stone. Mais ayant poussé l’expérience jazz au maximum , et vu les réticences d’une partie de leur public, il reviennent au blues-rock de leur débuts,  quoique le jazz reste présent dans leurs concerts , ( « Universal Mind  » habile démarquage de » Afro Blue « , sur  » Absolutely Live  » ). Il faudra attendre la toute fin pour retrouver le jazz dans  » Riders on the storm  » avec le très beau solo de piano électrique de Ray Manzarek.

Alors voilà . Les Doors ouvrirent la porte (sic )  à ce que l’on connut par la suite avec Weather Report, Mahavishnu, Chick Corea, Herbie Hancock, etc.

Grâces leur soient rendues. Ils furent des passeurs .

Gilbert D’Alto .

 

 

 

 

+

 

 

 

 

 

 

 

Ecrit par Gilbert D'Alto

Laisser un commentaire

  • Les concerts Jazz et +

  • Le Jazzophone