#LiveReport : Festival de Jazz à Junas Day #1

Jazz à Junas fête ses trente ans : l’occasion pour le Jazzophone d’interroger les acteurs d’un festival, enfants, spectateurs, musiciens sur le rôle d’un festival aujourd’hui dans leurs pratiques musicales. Aujourd’hui ce sont les enfants qui s’expriment et le trompettiste italien Paolo Fresu.

Sur la place de l’Avenir, c’est le sextet de de Jérôme Viollet qui entame cette chaude soirée. Un répertoire Afro-Cubain, les polyrythmies de la Santeria cubaine, un trio à cordes aux arrangements suaves (Christian Fromentin au violon ; Jean Pierre Alamy à la  contrebasse et Nicolas Iarossi au  violoncelle) qui accompagnent les deux chanteuses Samantha Eyssette et Akemys Acosta. Les six artistes sont rejoints par les Petits Loups du jazz, les enfants de l’école d’Aujargues qui participent à un atelier jazz depuis deux ans. Peut-être des futures vocations ?

En tout cas à la fin du concert, tous ravis d’avoir participé comme Nora, elle

« aime à se produire devant ses amis, ses parents », elle aime le jazz, « pas forcément la musique que j’écoute, mais je commence de plus en plus, et cela me plait », et «  j’aime assister aux concerts à Junas, en plus c’est beau ».

Ou bien encore Lou-Anne, ce qu’elle aime dans le jazz c’est le tempo, c’est une musique qui fait bouger, dit-elle. Elle a aimé être sur scène, « cela fait grandir ». Et Enora d’ajouter

« le jazz c’est une musique relaxante mais qui donne le tempo, qui a un « assez » bon rythme…»

C’est une spectatrice assidue de Jazz à Junas,

« mes parents sont fans ! ».

Elia aura le mot de la fin

« se produire sur scène avec mes amis c’est trop cool »

Premier set dans les carrières pour un quartet inédit formé par des musiciens venus de tous horizons : Gérard Pansanel à la guitare et son ami et compagnon de route l’italien Antonello Sallis au piano et à l’accordéon. Venu de Norvège avec sa contrebasse, Arild Endersen se glisse à merveille entre ces deux complices. Le batteur Patrice Héral complète avec fantaisie et beaucoup de virtuosité cet ensemble.

Pendant ce temps, premier grand témoin de cette série d’article, Paolo Fresu nous raconte « son » Junas :

«  J’ai vu la naissance de ce festival, pas 30 ans mais 28… Je suis venu, disent ils, quatorze fois. Il y a un rapport très fort et profond, amical. C’est un des festivals que je connais le plus. Et c’est intéressant de voir le chemin qu’ils parcourent, un chemin que je respecte beaucoup, similaire avec mon festival en Sardaigne. C’est un lieu où l’on garde l’idée de respecter la famille. C’est aussi une manifestation qui voit vers le futur, il y a aussi une idée de l’artisanalité. C’est une architecture de festival qui est très correcte, surtout pour les temps que l’on est en train de vivre. Il ne faut pas être trop romantique et toujours attaché au passé ; le jazz a changé depuis trente ans, et Junas acte de cela. Il faut se méfier de ceux qui disent que le jazz est mort avec Coltrane ou Parker, c’est eux qui sont morts de l’intérieur. La responsabilité quand on est musicien ou organisateur, c’est de raconter la temporalité, cela doit être une photographie de ce que l’on vit aujourd’hui. Il faut raconter le jazz qui existe aujourd’hui, pas celui des années 50. Sans limitation de géographie. Sans barrière. Junas est un festival qu’il faut garder parce que c’est la possibilité, par rapport au public de raconter ce qui se passe. Il faut raconter aussi le monde, le jazz est né de la rencontre entre l’Afrique et le reste du monde, il faut raconter les migrations, l’émigration. La responsabilité de la musique est fondamentale, on ne peut pas changer le monde mais on peut réfléchir dans nos pratiques à la résolution des problèmes. C’est l’humain. La musique peut être une ambassade de la vraie politique, celle qui s’occupe de la ville et des citoyens. C’est donc utile et surtout, on peut le partager avec les autres. La culture est nécessaire. Junas est fondamental. »

Avant que de monter sur scène pour enchanter le public très nombreux ce soir. Le son langoureux du bandonéon de Daniele di Bonaventura, les notes détachées, mélancoliques du piano de Dino Rubino et le contrebassiste Marco Bardoschia font merveille pour raconter le poète Ferlinghetti, un projet imaginé par le trompettiste, enfin, plutôt buggliste. Moment magique où le pianiste se love dans le creux de son piano, s’empare d’un bugle pour accompagner Paolo Fresu. Et

« ses ravissants êtres sensibles
voir entendre sentir penser
rire et danser soupirer pleurer
dans des après-midis sans fin
jusqu’aux nuits interminables »
(Poème de Ferlinghetti, Vie sans fin)

On eût aimé que la nuit soit interminable.

https://www.jazzajunas.fr/

Ecrit par Corinne Naidet

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