#LiveReport : Nice Jazz Summer Sessions

Liz McComb

L’équipe du Jazzophone était en nombre pour ces premières sessions d’été du Nice Jazz Festival, en ce 17 juillet. La scène du Théâtre de Verdure a été rallongée pour accueillir l’orchestre philarmonique de Nice qui accompagne en ouverture  la chanteuse américaine Liz McComb. La partie du public a, elle aussi, été aménagée pour respecter les règles sanitaires en vigueur. Très bel espace arrangé façon jazz club, fauteuils blancs, confortables, petites tables et poufs à distance réglementaire. On est moins nombreux certes, mais fort bien installés.

Liz

Les musiciens sont accordés, et Liz McComb arrive au bras de Frédéric Deloche, le chef d’orchestre. Mais c’est par un air a cappella qu’elle entame ce concert, « I Wish I’d Never Been Born » puis l’orchestre peut enfin vrombir aux notes de « Old Man River ». On est dans l’ambiance. On explore avec la chanteuse et le philharmonique le « Porgy & Bess » des frères Gershwin avec pour commencer, l’incontournable « Summertime », somme toute de circonstances, ce 17 juillet, suivi de cinq autres chansons. Les cuivres, les bois, les percussions s’en donnent à cœur joie, les cordes enrobent le tout dans un joli cocon. Un petit Ellington pour changer avant la très prenante composition de Liz McComb « Silver & Gold », magnifiquement introduite par un duo violoncelle-piano. « Let There Be light », toujours signé de la chanteuse, nous offre un arrangement très dynamique des bois tout au fond de la scène.

Plus tard, grand moment d’émotion, Liz McComb se dirige vers le pianiste pour interpréter avec beaucoup de sobriété, « Strange Fruit » popularisé par Billie Holiday. Elle retournera après un traditionnel : « I Told Jesus », vers le pianiste, partageant le banc pour un duo sur le clavier, « In The Upper Room »  popularisé par Mahalia Jackson, idole de Liz, avant de rejoindre le devant de la scène et le reste de l’orchestre. Du pur swing d’antan. Moment d’apothéose de la soirée, « Joshua Fit The Ballte of Jericho ». Mega tube gospel que l’orchestre, devant l’enthousiasme du public, va jouer deux fois, il bisse le morceau dans un arrangement légèrement diffèrent dès la fin du premier, pour la plus grande joie du timbalier qui, là-bas au loin, ne retient pas ses baguettes. On reste dans l’énergie pure avec « Rock My Soul »Puis le final, quelque gouttes de pluie tombent mais ne gâche pas le très Armstrongien « What a Wonderful World ». Il fallait l’oser, ils l’ont fait, on s’est régalé.

Le deuxième jour (il y en aura cinq en tout), c’est le fantastique trio mené par André Ceccarelli avec le remarquable guitariste Sylvain Luc et le non moins remarquable contrebassiste Thomas Bramerie que nous sommes invité à venir écouter. Un répertoire basé sur les standards de jazz, comme nous l’annonce André dés le début . Standards américains, mais aussi français (« Sous le ciel de Paris », « La Javanaise »), servis par trois musicien au sommet le leur art, développant thèmes et improvisations de manière impeccable et pleine d’inventivité. Une heure et demie de pure magie.

Le jour suivant , « Fun » et bonnes vibrations « Sixties » avec le fabuleux Nice Jazz Orchestra dirigé par Pierre Bertrand,(saxophone), Alain Asplanato (batterie) et Christian Pachiaudi (contrebasse), pour le spectacle « Funny 60’s » que nous avions apprécié trois jours durant en février dernier au Théâtre Francis Gag, spectacle dont nous vous avions alors dit le plus grand bien. Avec toujours en le crooner/swinger napolitain Walter Ricci, et Marjorie Martinez aux vocaux. Et les prodigieux solistes et accompagnateurs que sont Fred D’Oelsnitz (piano) Amaury Filliard (guitare) Jean-Marc Baccarini (sax ténor et soprano), Fred Luzignant (trombone)… Un  »all star line-up » niçois ! Un spectacle de très haute tenue, jubilatoire et entraînant, avec un répertoire, certes 60’s, mais très varié, allant des Lovin’ Spoonful à Duke Ellington et qui fit le bonheur de tous, surtout lorsque, divine surprise, le Nice Jazz Orchestra fut rejoint par André Ceccarelli et Liz Mc Comb pour un blues final étourdissant ! Mentionnons également le petit « intermezzo » que nous a offert Walter Ricci en interprétant seul au piano le fameux  » Caruso » de Lucio Dalla, chanson italianissime s’il en fut. Grand moment.

Le lendemain nous attendait une soirée de jazz pur et dur, avec le Quintet des frères Stéphane (trompette) et Lionel (saxophone ténor et soprano, flûte) Belmondo. Non pas du hard-bop, ou peu, comme on nous l’avait annoncé, mais plutôt du jazz modal, libre et improvisé, sur la bases de compositions des deux frangins.

Accompagés par une rythmique de haut vol (Laurent Fickelson, piano, Sylvain Romano, contrebasse et Tony Rabeson, batterie), les deux frères en jazz déroulèrent de somptueuses improvisations, multipliant clins d’oeil et citations de Miles Davis et de John Coltrane, pour le plus grand plaisir d’un public connaisseur et enchanté par cette prestation d’un jazz, certes complexe, mais qui n’oublie jamais d’être accessible et plaisant. Une grande soirée de jazz.

Changement de cap pour la finale, direction la latinité avec le concert du quartet de Richard Galliano. L’accordéoniste cannois, qui fêtera bientôt ses 70 ans comme il nous l’a avoué, était ce soir là accompagné d’un trio de musiciens azuréens hors-pair, puisqu’il y avait à la batterie son propre fils Jean-Christophe Galliano, au violon le virtuose grassois François Arnaud et aux percussions le vétéran de tous les combats du jazz niçois Jean-Luc Danna. Tangos (Le fameux « Tango pour Claude » dédié à Nougaro), valses-musettes, jazz, musique manouche ou tzigane, une démonstration de tous les talents de quatre extraordinaires musiciens et là aussi un clin d’oeil à ces années soixante que beaucoup semblent regretter, (votre serviteur le premier !) avec une version en solo du fameux « A Whiter shade of Pale » de Procol Harum, impérissable slow qui marqua l’année 1967, ainsi qu’un pot-pourri des musiques de films de Francis Lai, Michel Legrand, Pierre Barouh… Merveilleux moment de pure nostalgie ! Précisons que Richard jouait ce soir là d’un instrument de son invention, l’AccordHammond, c’est à dire un instrument hybride entre l’accordéon et l’orgue Hammond, cabine Leslie comprise ! Un son étrange venu d’ailleurs qui donna le ton de la fantastique conclusion de ces 5 jours de  Nice Jazz Summer Sessions.

5 jours de musique de haut niveau, dans un très beau cadre, qui nous aurait presque fait oublier, n’y aurait-il pas eu le port du masque obligatoire, que nous vivons des temps troublés… Qu’à cela ne tienne et vive la musique !

Photos : Jacques Lerognon

Photos NJO et Galliano : Alain Fontana

Ecrit par Gilbert D'Alto

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