#Live Report : Saint Jazz Cap Ferrat

Deux soirées à Saint Jean Cap Ferrat au cœur de l’été, belle perspective pour le Jazzophone. Nous voilà donc ce jeudi 11 août au jardin de la Paix qui domine la plage des fossettes. De magnifiques pins encadrent la scène déjà prête pour accueillir le premier groupe de cette édition Yusan.

Le sextet prend place et fait rapidement vibrer le public. Ils jouent un jazz chaleureux venu des caraïbes, du Cameroun mais aussi de la musique afro-américaine. Yusan signifiant héritage en coréen, étymologie assumée!

Ralph Avital mène la danse avec sa guitare.

La chanteuse Célia Kameni dans un malicieux t-shirt Ramones tient le devant de la scène avec le saxophoniste Romain Cuoq.

Elle vit littéralement les chansons du groupe, accompagnant sa voix de gestes amples des bras ou d’autres, presque câlins, les mains toutes proches de son visage. Malgré ces rythmes dansants et métissés on retiendra deux ballades « Lill’ Bird » et « Sans Toi » avec de belles parties de basse par Gwen Ladeux et des synthés de Kévin Jubert.

Retour en Europe pour le second set. Morricone Stories, le quartet franco-italien de Stefano Di Battista.

Comme leur nom le laisse présager, le groupe joue la musique d’Ennio Morricone, façon jazz grâce au talent d’arrangeur du pianiste Frédéric Nardin et celui du saxophoniste lui-même.

André Ceccarelli, le batteur niçois, parrain du festival, les cheveux au vent nous offre un très beau solo et quelques une de ses jolies danses de balais.

« La Donna Della Domenica » qui permet à Daniele Sorrentino de nous faire une belle démonstration de walking bass. Fred Nardin excelle dans Deborah », extrait de Once Upon a Time in America et surtout dans « Apertura della caccia » du film 1900. Dans son délicieux mélange d’italien et de français accentué, Stefano Di Battsita nous narre la désormais fameuse anecdote de sa rencontre avec son maitre Ennio. Alors que quelques gouttes tombent, ils finissent leur concert par l’immanquable « Il buono, il brutto, il cattivo ».

Il est déjà fort tard…On revient demain.

Vendredi, après un requinquant bain de mer, nous sommes prêts à écouter les nouveaux projets d’Anne Paceo et Vincent Peirani. Shamanes » et « Jokers ».

20h45, aux côtés d‘Anne Paceo, batterie et voix, les chanteuses Ellinoa (qui remplace, avec brio, Marion Rampal) et Isabel Sörling nous entraînent dans l’univers éthérée de Shamanes.

Le sax ou la clarinette basse de Christophe Panzani enrobe les voix en volutes ensorcelantes.

Les lames du métallophone vibrent en de singulières cadences alors que les baguettes d’Anne Paceo cinglent toms et cymbales avec vigueur.

Quand il n’est pas au Rhodes, Tony Paeleman nous offre de magistrales envolées au piano demi-queue.

Alors que la lune majestueuse fait son apparition au sommet des grands pins, « From The stars » clôt ce voyage intérieur et lointain.

Le temps d’un changement de plateau, le trio Jokers s’installe.

Dans un superbe décor de lumière concocté par leur éclairagiste Vincent Peirani, Federico Casagrande à la guitare et Ziv Ravitz à la batterie entament « Les Larmes de Syr » qu’ils enchainent avec « Salsa Fake » et « Twilight », tempos plutôt lents comme pour permettent la transition. Mais bien vite, la guitare fait parler les watts.

« River » une chanson empruntée à la chanteuse Bishop Briggs, avec sa lente progression nous laisse entrevoir le futur du set. Avec « This Is The New Shit » écrite par Marilyn Manson, on se rapproche du métal. Les pins en vibrent d’aise. Riv Ravitz fait vibrer les peaux de ses toms.

Peirani entame une danse, lançant ses jambes en l’air tout en restant assis sur son tabouret. Sans se départir de son sourire (un brin énigmatique) ses pieds nus fouettent l’espace.

Un des grands moments du concert est leur reprise de « Dream Brother » écrite par le bassiste de Jeff Buckley. Chorus de guitare au bottleneck, instants de bravoure à l’accordéon, solo de batterie tout en finesse. Qu’ils enchaînent avec une berceuse parait tout naturel.

Ils nous régalent encore de quelques titres avant le rappel signant la fin du set, une composition du batteur intitulée « Ménerbes » en hommage à sa ville d’adoption dans le Luberon.

Les 11 et 12 /08/22 au Jardin de la Paix – Saint Jean Cap Ferrat (06)
Ecrit par Jacques Lerognon
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