#LiveReport : deux soirées au Festival Jazz sous les Bigaradiers

Le Festival Jazz sous les Bigaradiers se termine toujours par deux soirées dans la salle de La Coupole à La Gaude. Celle du vendredi débute avec La Compagnie So What, un sextet haut en couleur avec trois soufflants, clarinette basse, sax soprano et trompette, une guitare et la paire rythmique, contrebasse, batterie.

Ils commencent par des reprises, plutôt des relectures, de thèmes écrit par le maître de l’éthio-jazz Mulatu Astatke. Puis un vieux titre Peùna, la pivoine en nissart, qui permettra à José Serafino de sortir de sa superbe guitare (home made !) un très beau solo tout en son clair !

Dans la suite du set, ils reprendront d’autres compostions comme Neige d’Airelle Besson (plus enlevé que dans la version originale avec Nelson Veras), le standard Nature Boy (on se rappellera Coltrane), ou And Now de Don Cherry Thomas Guillemaud libère sa fibre freejazz, sa fougue, dans un chorus cinglant.

Le final est, encore un titre remalaxé, emprunté cette fois-ci à Dr. Lonnie Smith, le très chantant bien qu’instrumental, Jungle Soul.

Un peu plus tard, d’une démarche hésitante, Aldo Romano, en tenue de biker (jean, cuir noir, bandana), prend place derrière sa batterie, accompagné par le saxophoniste alto Doudou Gouirand et le guitariste Gérard Pansanel.

Un set inattendu, un peu gâché par l’état de fatigue bien visible du batteur italo-francese. Un joli moment quand Aldo Romano chante, d’une voie mal assurée, Estate, dans sa langue maternelle :
Tornerà un altro inverno
Cadranno mille petali di rose
La neve coprirà tutte le cose
E forse un po’ di pace tornerà

En rappel, un final très prenant, très explicite sur la vieillesse, la solitude, Aldo Romano, les yeux pétillants, lit, dit, un poème de Cesare Pavese alternant la version originale et sa traduction en français. Espérons juste le revoir dans une meilleure forme, frapper, caresser, ses fûts et cymbales.

Le samedi, il faut braver l’humidité ambiante et les  problèmes de circulation pour rejoindre La Coupole gaudoise mais rien n’arrête Le Jazzophone ni les amateurs de jazz, finalement tous les fauteuils rouges et même les quelques gris sont occupés pour accueillir les artistes de cette dernière soirée du 22e Jazz sous les bigaradiers.

Un groupe venu spécialement d’Italie, Ottimo Massimo prend place sur la scène. Huit musiciens, mené du saxophone par Andrea De Martini (maître d’oeuvre du Uno Jazz Festival de San Remo).

Du jazz qui sait s’amuser, un jazz festif très cuivré (2 saxos, une trompette) avec quelques passages dans le rock (le guitariste Lorenzo Herrnhut-Girola y est pour beaucoup) et même, un peu mais heureusement pas trop, de latin jazz. En final, un morceau écrit spécialement pour l’occasion « Going to La Gaude » qui swingue tellement qu’on les suivrait bien jusqu’à la Nouvelle Orléans.

Cerise sur le gâteau pour finir cette soirée, nous allons découvrir un nouveau projet d’Anne Paceo.

Elle retrouve deux anciens compagnons de route, ceux de ses deux premiers albums, le pianiste brésilien Leonardo Montana et le contrebassiste Joan Eche-Puig auquel s’adjoint le oudiste et chanteur Ihab Radwan.

Un répertoire spécialement dédié à ce quartet nommé « Exils ». Des compositions principalement de la batteuse mais aussi de chacun des musiciens.

Une musique chaleureuse teintée de touches orientales, le oud, la voix d’Ihab Radwan. Un jazz ouvert sur le monde. Des rythmes complexes, des mélodies envoûtantes et pourtant lumineuses comme les Châteaux de sable ou le magnifique « Plumes/Feathers » en final du set.

Un groupe encore en construction mais d’une immense générosité, Anne Paceo ne se dépare jamais d’un grand sourire qui semble s’adresser aussi bien au public qu’à ses complices sur scène.


Il nous reste qu’à attendre d’abord l’été puis la 23ème édition !

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Ecrit par Jacques Lerognon

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