#LiveReport : Jammin’ Juan 2019, moments forts

La Troisième édition de Jammin Juan, ce congrès qui permet à tous les professionnels du jazz (producteurs, animateurs, programmateurs, tourneurs, journalistes, etc.) de se retrouver et de découvrir de nouveaux talents, s’est tenue au Palais des Congrès d’Antibes-Juan les Pins du 23 au 26 octobre 2019. N’ayant pu, pour des raisons diverses assister aux spectacles du 23 Octobre, c’est le 24, le 25 et le 26 que le correspondant du Jazzophone a assisté aux showcases et concerts de cette fort sympathique manifestation, l’une des plus attendues de la saison jazzistique automne-hiver.

Pour la première journée ,d’après de nombreux confrères, le sommet fut atteint par le quintet « Quintessential » du guitariste et trompettiste Josiah Woodson, habituel sideman de Beyoncé, du jazz spirituel de haute volée mêlé de Hard-bop.

Le lendemain, ce fut un plaisir d’écouter  Dirty Talks, jeune groupe niçois mené par le guitariste Kevin Saurapour du jazz fusion de belle facture dans l’esprit d’un John Scofield. Un groupe qui a de l’avenir.

Ensuite direction la salle Fitzgerald pour écouter l’harmoniciste Laurent Maur et son quartet. Un jazz aérien, mâtiné de blues, et une superbe reprise du classique de la valse musette, « Indifférence » de Gus Viseur. Sans oublier la fantastique performance du virtuose Mario Canonge au piano. Grand moment.

Changement radical de style avec Dock in Absolute, trio piano-basse-batterie aussi proche du rock progressif que du jazz. Rythmes complexes et virtuosité instrumentale au menu, avec des compositions également influencées par la musique classique.

Ensuite un autre trio dirigé par un pianiste (décidément l’instrument-roi de ce congrès) : Tizaan Alphonso Trio,  trio de jazz fusionR’n’B venant de Maastricht au Pays-Bas, et qui propose une musique résolument moderne mais peut-être un poil convenue à mon (humble) avis.

Une très bonne surprise avec Out/Line du bassiste électrique  François Lapeyssonie, un habitué de la Note Bleue à Monaco, toujours flanqué de l’excellent Stéphane Adsuard à la batterie et du fantastique  Federico Casagrande à la guitare , avec également Frederic Borey sax –Leonardo Montana Fender Rhodes. Un moment de jazz-funk fusion tout en finesse, un véritable régal. Beaucoup, beaucoup aimé…

Et nous terminons en beauté cette après-midi de showcases avec Saràb,  groupe qui a la particularité d’avoir dans ses rangs une chanteuse syrienne. Une performance étonnante qui mêle les harmonies jazz,  l’énergie  rock,  et  les rythmes du monde. Palme de l’originalité.

Nous étions à la tombée de la nuit il était temps d’aller à la salle de concert. Hélas le groupe House of Echo et ses digressions contemporain-free-bruitistes n’en trouva que peu chez nous. Il était  alors plus sage d’aller se reposer avant d’attaquer la journée du lendemain.

Le lendemain (vendredi 25 Octobre) nous voilà repartis vaillants pour une nouvelle mission. Tout d’abord le trio d’Alex Monfort. Encore le format du trio piano, décidément en poupe cette année : Alex Monfort au Piano, Samuel F’hima (récemment vu dans le trio de Frédéric Pérréard) à la Contrebasse et Tom Peyron à la Batterie. Un jazz résolument modal, dans l’optique de Mc Coy Tyner, John Coltrane, Miles Davis post 59, etc. Belle surprise pour ce début de troisième journée.

Trois très beaux moments devaient encore suivre : tout d’abord le quintet du pianiste (décidément !) David Gressat, dans lequel nous retrouvons une vieille connaissance, le saxophoniste Eric Prost qui jouait sur le premier opus du pianiste Fred D’Oelsnitz. Ce quintet est une belle machine aux rouages affinés qui propose une belle musique, ample et chaleureuse . Le jazz comme nous l’aimons.

Aux environs de 17h 15, Sarah Lenka fit son arrivée sur scène, précédée d’une rumeur flatteuse quant à la qualité de son show. Et bien, avouons-le, nous ne fûmes absolument pas déçus par cette jeune femme et son répertoire de gospels ancestraux de work-songs et de prison songs issue de la communauté féminine afro-américaine du début du siècle dernier. Un moment de pure joie, rehaussé encore par jeu du grand Yoann Serra à la batterie, niçois d’origine comme beaucoup de musiciens de ce congrès. Le vieil adage qui affirme que, hors Paris, les meilleurs jazzmen français viennent du Sud-est est encore une fois vérifié.

Et nous terminons cette après-midi de showcases avec le Shauli Einav Quintet, un groupe qui nous arrive d’Israël, nouvelle terre promise du jazz d’où viennent énormément de musiciens importants de ces dernières années. A l’instar de ses confrères et compatriotes Avishai Cohen ou Omer Avital il pratique un jazz aux nombreuses effluves venues des musiques moyen-orientales. Convaincant.

Puis vient le temps des concerts : Cette soirée nous en proposait deux : celui de Jean-Marie Machado et son orchestre Danzas, qui serait suivi de NoJazz. Disons le, Danzas ne nous pas entièrement convaincu, sauf au moment de l’apparition d‘André Minvielle rendant hommage à Boby Lapointe avec son impressionnant débit.

Quant à NoJazz,  qui présentaient là leur septième album « Beautiful Life » leur mélange d’électro-hip-hop-funk-jazz fonctionne toujours autant, augmentés qu’ils étaient par la présence du rappeur /poète RAASHAN AHMAD et du chanteur Toto St.

Après ce déluge de décibels, un temps de relaxation à l’after qui se tient au Café Da Ugo pour écouter le quartet du pianiste-chanteur Sébastien Machado (aucun lien de parenté) avec le volubile Manu Carré au sax ténor. Un moment de groove et de swing avant de repartir vers les nouvelles aventures qui nous attendaient le lendemain.

Le lendemain en effet nous attendait la journée consacrée aux big bands. Pour notre part, nous avons été conquis par deux formations, toutes deux d’ailleurs dirigées par des dames, celles de la saxophoniste Tullia Morand, et celle de la violoniste danoise Line Kruse. La première produit une musique swinguante, riche et festive, avec de très belles interventions des solistes, en particulier du saxophoniste-flûtiste Pierre Mimran, le compagnon de Tullia Morand.

Quant à Line Kruse, son orchestre comprenait quelques figures bien connues des aficionados du jazz azuréen, comme Pierre Bertrand (saxophones, flûte), Minino Garay (percussions) les frères Stéphane (saxophone) et Joel Chausse (trompette), pour délivrer une musique aux teintes latines inspirées par le voyage de Line à Cuba, où son dernier album a été enregistré. Un moment « caliente »  qui concluait admirablement ce marathon jazzistique .

www.jamminjuan.com

Ecrit par Gilbert D'Alto
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