#ParolesdeJazz #26 par Alain de Fombelle

« Let your spirit rise to the other side » dit Makhathini sur la pochette de son album « Mode of Communication ». Une excellente façon d’évoquer ce jazz cherchant le côté spirituel, inspiré, voire mystique, cultivé par quelques musiciens.

Sans parler des origines, religieuses souvent, on y trouve John Coltrane, mais aussi Ornette Coleman, Pharoah Sanders, parmi d’autres, et bien sûr, Nduduzo Makhathini, dont je parle par ailleurs.

Parfois s’ajoute un contexte engagé, comme « Alabama » par John Coltrane en 1963, comme la célèbre session de « Attica Blues » par Archie Shepp à la Villette en 2014, ou, plus discrète, la superbe version de « Ode to Billie Joe » d’Anne Ducros. Ce n’est qu’une vision du jazz, mais ce genre est tellement multiple qu’il faut, sans doute, trier un peu.

S’il faut essayer de parler de mes visions du jazz, alors, je ne sais plus ! Comment suis-je entré dans le jazz ? Tout jeune, par des 78 tours qu’écoutait mon frère, surtout du « New Orleans », des negro spirituals, Bessie Smith, Fats Waller et toute cette époque.

Et puis, Duke Ellington, Count Basie, Sydney Bechet, Claude Luter, et, en fait, avec un appétit insatiable, j’écoutais tout ! Y compris de la musique contemporaine. Et ces séances d’écoute avec Mimi Perrin, ramenant des États-Unis des disques alors introuvables en France, et nous faisant découvrir entre autres « Tunji » (Toon-Gee) de Coltrane, un émerveillement ! Un thème d’une simplicité extrême, des accords magiques, et une ambiance envoûtante…

Que me reste-t-il de ces musiques ? En premier lieu, je crois, l’amour des beaux thèmes, élément essentiel de l’attrait, quelle que soit la musique, et spécialement en jazz. Il y a souvent, maintenant, des thèmes très sophistiqués, recherchés dans la composition, intéressants de ce point de vue, mais qu’on ne peut pas, ou difficilement, fredonner. Un beau thème, on doit pouvoir le chanter et le danser.

Aussi, l’amour de sonorités inattendues, de rythmes superposés qui désorientent (Steve Coleman dans « Finger of Gods » ou « Song of the Beginnings »), de l’inventivité (Émile Parisien dans « Louise » ou « Sfumato » à Marciac), de la délicatesse et de la simplicité (Anne Paceo dans « Wide Awake »). Dans le free jazz, en musique contemporaine, dans la musique improvisée, ce sont la surprise et les tensions détentes qui attirent l’attention. Mon activité actuelle, avec mon groupe « L’ouïe L’a Dit – Écoute ton œil et vois tes sons » m’entraîne plutôt vers cette dernière, mais le jazz, souvent, pointe son nez, comme s’il ne pouvait pas s’empêcher de venir apporter son grain de sel.

Finalement, ces quelques lignes m’apprennent une chose, c’est qu’il me faudrait une réflexion approfondie sur moi-même pour mettre un peu d’ordre dans tout ce que j’aime, ou que je n’aime pas, et pourquoi ! Entre-temps, je continue l’écoute éclectique. C’est, aussi, ce que je vous souhaite.

Alain de Fombelle – Artiste indépendant pluridisciplinaire et performeur multimédia a réalisé la Couverture du Jazzophone #26. Inventeur du Monde des Marmouilles (Organicus mineralis) et des Paysages Archétypiques, créateur du groupe de musique et imagerie temps réel L’ouïe L’a Vue (Écoute ton œil et vois tes sons) et de son pendant L’ouïe L’a Dit (Dis tes notes et bois tes mots).

Ecrit par Alain Defombelle

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