#R.I.P. Curtis Fuller

Un des plus grands musiciens de l’histoire du jazz d’après-guerre vient de nous quitter. En effet, le grand tromboniste Curtis Fuller est décédé à New York à l’âge de 86 ans. Eut-il été trompettiste, batteur ou saxophoniste, sa mort aurait fait la une des journaux, comme l’on fait celles ses amis John Coltrane, Art Blakey ou Miles Davis… Hélas pour  le pauvre Curtis Fuller, un tromboniste n’atteindra jamais la popularité des instrumentistes précédents. Considéré comme un instrument ingrat le trombone apparaît rarement comme premier choix des élèves de conservatoire… Néanmoins, Curtis Fuller restera comme l’un des trombonistes les plus connus et influents de l’ère du hard-bop, et des son immédiat successeur, le jazz modal.

Originaire de Detroit, Il fait ses premiers pas à New York à la fin des années cinquante avec Miles Davis, et fut repéré par Alfred Lion, patron de Blue Note Records qui  l’engagea immédiatement pour apparaître en tant que sideman sur des enregistrements  phares de John Coltrane ( « Blue Train », 1958) et de Sonny Clark (« Sonny’s Crib », 1957, toujours avec John Coltrane au ténor). Il enregistra également avec des géants tels que Bud Powell, Jimmy Smith ou Joe Henderson. Dans les années soixante, il fit partie d’une des plus fameuses formations des célèbres Jazz Messengers d’Art Blakey, un des groupes les plus populaires de l’histoire du jazz moderne. Il y côtoya le trompettiste Lee Morgan (également présent sur « Blue Train »), les saxophonistes Benny Golson puis Wayne Shorter, le pianiste Bobby Timmons, le contrebassiste Jymie Merrit et bien sur Art Blakey à la batterie.

Il restera avec le groupe jusqu’à 1968, puis pendant 10 ans se consacra à sa carrière solo ainsi qu’à de nombreux enregistrements en tant que sideman de big band, dans un style plus « mainstream » avec Count Basie, Lionel Hampton ou Quincy Jones. Il rejoint les Messengers en 1973 jusqu’à 1978. Par la suite, il se partagea entre les studios, la formation le Jazztet formée avec Benny Golson, et une carrière d’enseignant qui lui valut d’obtenir en 1999 un doctorat honorifique de musique, décerné par la fameuse Berklee College of Music. Les chanceux Niçois qui étaient présents se remémoreront son passage à la Grande Parade du Jazz en 1984…  il s’est également produit en duo ,avec un autre saxophoniste, et non des moindres, Paul Jeffrey, qui fut le dernier  saxophoniste de Thelonious Monk,  On peut trouver trace de ce duo sur l’enregistrement  »Live in Monaco » publié sur Imago Records. Ce grand musicien s’est éteint paisiblement dans sa maison de New York le 8 mai 2021 à l’âge de 86 ans. Une page de l’histoire du jazz est tournée à jamais.

Ecrit par Gilbert D'Alto

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