#RIP Wayne Shorter, mort d’un créateur

Wayne Shorter, immense musicien né à Newark (New Jersey) en 1933, vient de nous quitter à l’âge de 89 ans.

Après de solides étude musicales, il participe tout d’abord à l’orchestre du trompettiste Maynard Ferguson où il rencontre celui qui sera son ami de toujours, le pianiste autrichien Joe Zawinul. Il rejoint ensuite les Jazz Messengers d’Art Blakey, où il se lie d’amitié avec le trompettiste Lee Morgan, et commence à écrire et composer de plus en plus. Plusieurs de ses compositions figurent au répertoire des Jazz Messengers.

Et en 1964, l’appel tant attendu arrive enfin et il rejoint le fabuleux « Second Great Quintet » de Miles Davis, avec Herbie Hancock (piano), avec qui il lie une profonde et durable amitié, Ron Carter (contrebasse) et Tony Williams (batterie). Il compose énormément pour Miles Davis, tout en continuant d’enregistrer des albums sous son nom pour le label Blue Note, et à enregistrer avec les têtes de pont du jazz moderne tels que Mc Coy Tyner, Freddie Hubbard, Elvin Jones ou Lou Donaldson. Mais il reste pour Miles Davis : « Homme à idées, celui qui amène de nouveaux concepts » à tel point que lorsque le « Second Grand quintet » disparait, Miles Davis fait encore appel à Wayne Shorter pour  participer à son virage « fusion » sur les albums « In a Silent Way » et « Bitches Brew », albums sur lesquels il retrouve Joe Zawinul.

Mais Wayne Shorter , de même que son ami Joe Zawinul, supporte de moins en moins le leadership à la fois dictatorial et erratique de Sa Majesté « The Prince of Darkness » et les deux hommes quittent Miles Davis d’un commun accord et s’en vont fonder ce qui restera comme le groupe ultime de « Jazz fusion »,  Weather Report. Weather Report obtient un succès colossal, dépassant de loin le cadre du jazz, et devient un groupe rivalisant avec Mahavishnu Orchestra ou Jeff Beck au sommet des classement de meilleures ventes et de festivals rock, faisant la nique au groupes de rock progressif à la Yes ou ELP.

Wayne Shorter, caractère indépendant et difficilement intégrable dans une structure fixe continue néanmoins son bonhomme de chemin, réalisant avec le chanteur Milton Nascimento et son ami Herbie Hancock, le chef d’oeuvre du jazz-bossa nova, le fabuleux « Native Dancer ». Après la dissolution de Weather Report, il fait cavalier seul, et collabore avec quelques très grands noms de ce que nous appellerons la « pop sophistiquée » : Joni Mitchell, Steely Dan, Pino Daniele, et même les Rolling Stones.

Puis au-début des années 2000, ayant vaincu son alcoolisme chronique, lequel était conforté il est vrai par des drames familiaux (mort de sa seconde épouse et de sa fille, mort de son frère, etc…), il revient sur le devant de la scène avec soit une collaboration avec Carlos Santana, soit son propre groupe (Danilo Perez, Brian Blade et John Patitucci) et retrouve le succès. Jusqu’à ce funeste jour… Personnage complexe, curieux, affable, extrêmement cultivé, amoureux de la littérature de science-fiction, du cinéma, et de la philosophie, c’est un véritable génie qui vient de nous quitter.

Ecrit par Gilbert D'Alto

3 Commentaires

  1. Pingback: La Boîte de Jazzdu 29 mars 2023 Spéciale Wayne Shorter

  2. Pingback: #Chronique : Jultrane « Creation » | Le Jazzophone

  3. Pingback: #Podcast La Boîte de Jazz du 1er Novembre 2023 Miniatus 4tet

Laisser un commentaire

  • Les concerts Jazz et +

  • Le Jazzophone