#SurLaPistedUn33Tours – Gabor Szabo « Macho »

Si le nom de Gabor Szabo ne vous dit peut-être pas grand-chose, rien d’étonnant : la discographie du guitariste hongrois est demeurée plus de trente ans après sa disparition, plutôt confidentielle du grand public. Le monde du jazz, lui, se souvient, tant l’influence de Szabo sur ses contemporains fut décisive.

« Si je pense aux hongrois et à la Hongrie, cela m’évoque en premier Gabor Szabo, son âme et sa passion ». L’auteur de ces mots n’est autre que l’un de ses anciens disciples : Carlos Santana, qui rend hommage à l’auteur original de Gypsy Queen dans une interview accordée au site hongrois Divany. « Si un jour Gabor Szabo avait une statue à Budapest, je viendrais y donner un concert gratuit » ajoute le guitariste avec déférence.

Autant dire que sa reconnaissance est immense, lui qui a incorporé de nombreux éléments utilisés par Szabo dans son jeu. Emportant sa seule guitare, Szabo quitte à 20 ans sa Hongrie natale lors de la révolution avortée de 1956. Fuyant l’occupation russe, il part s’installer en Californie où il découvre la scène musicale, qu’il peine à percer. Son départ pour Boston et son inscription au Berklee College of Music en 1958 lui permet de rencontrer des artistes d’envergure et d’intégrer différentes formations. Sa carrière démarre significativement au début des années 60 au sein du quintet de Chico Hamilton. C’est une période bénie pour le guitariste immigré durant laquelle il affine son propre style, encouragé par son leader à développer sa singularité musicale.

Si la musique de Gabor Szabo se nourrit par la suite d’une grande diversité d’influences, de la musique indienne en passant par ses racines transylvaniennes ou les rythmes latins, l’album Macho signe le virage boogie-funk triomphant au tournant des années 70. Comme pour beaucoup d’artistes de cette époque, l’exercice de style est tenté ici avec maestria. Sorti en 1975 sur le label jazz fusion Salvation fondé par Creed Taylor, Gabor Szabo s’entoure de collaborateurs de marque : parmi eux, Bob James est aux claviers, Tom Scott au saxophone, Idris Muhammad aux percussions, Harvey Mason à la batterie. Avec une telle équipée, cet opus ne pouvait que transpirer le groove dès l’entrée en matière : la réinterprétation funky de la Rhapsodie hongroise no2 composée par Franz Lizst, soutenue par les lignes de basse complexes de Louis Johnson.

La patte de Bob James est ostensible : l’intro de Time ressemble furieusement à celle de son Nautilus.

Le corps se met sérieusement à onduler sous l’emprise de l’irrésistible rythme de Transylvania Boogie et de Ziggidy Zag, avant de fondre sous les accents hispanisants de Macho, qui nous gratifie d’un drum break des plus efficaces. Assurément un Szabo plus viril que jamais !

Gabor Szabo ‎– Macho
Label : Salvation – SAL 704 S1

  1. Hungarian Rhapsody #2 Arranged By – Bob James Written-By – F. Liszt 6:52
  2. Time Arranged By, Written-By – Gabor Szabo 5:38
  3. Transylvania Boogie Arranged By, Written-By – Bob James 5:31
  4. Ziggidy Zag Arranged By, Written-By – Harvey Mason 5:58
  5. Macho Arranged By, Written-By – Gabor Szabo 9:13
  6. Poetry Man Arranged By – Bob James Written-By – Phoebe Snow 4:28

Ecrit par Benjamin Grinda

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