UN LIVRE SUR LE JAZZ : Julia Blackburn – Lady in Satin

Lady In Satin – Julia Blackburn – Rivages/Rouge – Traduit par Nicolas Guichard

lady in satinBillie Holiday, née Eleonora Fagan, aurait eu cent ans ce printemps, une bonne occasion pour lire cette nouvelle biographie de la chanteuse de jazz. Petite anecdote, le livre lui-même a une histoire étrange puisqu’il a deux auteures à près de quarante ans de distance. C’était le projet initial de Linda Kuehl qui dans les années 70 a interviewé plus de 150 personnes proches de la chanteuse mais qui est décédée sans avoir mené à terme son travail. Julia Blackburn à découvert, repris, décryptée, compilée  ses archives pour en faire ce remarquable « Portrait d’une diva par ses intimes ».

Et c’est bien cet accumulation, cette variété de témoignages qui font la qualité et la pertinence de ce livre qui va au-delà d’une biographie de plus ou d’un regard  analytique de la vie de la Diva jazz. Julia Blackburn ne prend pas partie, elle remet dans leur contexte les récits, les anecdotes, les visions parfois déformés des témoins, des amis, des amants, de ses musiciens, de ses agents-impresarios  mais aussi des « ennemis », agents du FBI, juges, flics…

Un destin douloureux, bouleversant qui va façonner puis détruire  celle qui deviendra à jamais LA chanteuse de jazz (pardon à Sarah et Ella). Elle a joué avec les plus grands de l’époque, Benny Goodman, Count Basie, le Duke, Art Tatum, Ben Webster, Jimmy Rowles.  Elle a partagé bien plus que de la musique avec Lester Young, son alter ego, son âme sœur, son éternel amoureux qui la précèdera de quelques mois dans la mort.

On ne peut pas ne pas mentionner son interprétation de « Stange Fruit » qui lui vaudra à la fois le succès, la reconnaissance de ses « frères de couleurs » mais aussi la vindicte de certaines autorités.

La vie de Billie, c’est aussi le sexe, la drogue et l’alcool. Dans les années soixante-dix, Billie Holiday eut été une rock star. Julia Blackburn le relatent sans voyeurisme, ni pudeur excessive  au travers des différends propos des témoins de l’époque.

Mais ce livre est aussi une formidable histoire du jazz de ces années 30, 40, 50 mais plus encore une histoire, un réquisitoire sur l’Amérique de cette même période. Des lynchages toujours en vigueur aux clubs où les musiciens noirs devaient rentrer par la porte de derrière en passant par la répression des services du malfaisant J. Edgar Hoover. A lire en écoutant la voix sombre, belle, brute mais vibrante de Lady Day.

Brève discographie totalement subjective :
Lady Day & Pres : Billie Holiday with Lester Young
The Complete Billie Holiday on Columbia
Songs For Distingué Lovers

www.billieholiday.com

fr.wikipedia.org/wiki/Billie_Holiday

Ecrit par Jacques Lerognon

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