Parfum de jazz s’installe dans les Baronnies après avoir investi les villages du Tricastin. Deux concerts à Mollans-sur-Ouvèze, mais aussi du cinéma, une exposition, un programme très riche.
11h du matin, le festival débute par la découverte de l’exposition photo sur les murs ancestraux du cloitre des Dominicains : trois atmosphère pour revivre les éditions précédentes : clichés en noir et blanc de Patrick Martineau, en couleurs de André Henrot. L’exposition est complétée de « surimpressions » : les photographies en noir et blanc de Patrick Martineau, habillées, habitées, ajout de vibrations grâce aux pinceaux (et couteau !) de Danièle Aumage. Une belle entrée en jazz !
21h, le temps capricieux n’empêche pas les musiciens de s’installer sur la scène extérieure à Mollans-sur-Ouvèze. Première partie qui s’insère totalement au sein du théâtre de verdure avec Equinox trio.
La pianiste et chanteuse Elodie Mam’s est accompagnée d’une section rythmique dynamique constituée de Sabri Belaïd à la batterie et de Noé Desmares à la basse. Des compositions originales, un set qui alterne entre moments lents et introspectifs susurrés par la chanteuse, au phrasé pianistique délicat, avec des morceaux plus enjoués et toniques menés par une basse inspirée.
La nuit est complètement tombée, mais la scène va s’illuminer d’une myriade de lumières et de notes. Julie Campiche Quartet entre en scène, et les spectateurs ne sont pas près d’oublier ces moments de poésie et de musique onirique. Autour de la harpiste- et de ses nombreuses pédales d’effets- trois musiciens qui vont créer un espace sonore inédit : Léo Fumagalli au saxophone, Manu Hagmann à la contrebasse et Clémens Kuratle à la batterie.
Les lunes sont tombées du ciel grâce à l’habillage de lumière conçu par Sophie Le Meillour qui va consécutivement nous emmener dans des profondeurs abyssales, des mycéliums aliens ou des cieux réinventés. Le premier morceau, Aquarius, rappelle la tragédie des bateaux de migrants. Malgré la noirceur de l’histoire, l’on est happé par ces sons éthérés, purs, ces silences, ce temps qui s’étire à l’aune d’un coup de baguette ou d’une vibration de cordes ou qui suspend son vol lors des phrases envoutantes du saxophone.
Lies du batteur Clémens Kuratle continue cette exploration dans une musique innovante, expérimentale mais qui veut avant tout provoquer l’émotion. Et la réflexion, quand on entend la voix samplée de Greta Thunberg sur Fridays of hope. La musique peut être citoyenne, porter des messages engagés avec un langage sonore très personnel. Parenthèse terminera ce beau set, mais le public aura droit à un rappel avec Flash info, premier morceau de l’album Onkalo. Plus qu’un concert, une expérience émouvante, une immersion dans un espace-temps, fractales psychédéliques de sons et d’images qui ont emmené, un trop court moment, les spectateurs vers une terra incognita bien particulière.
Terminons en saluant le travail des organisateurs, qui amènent dans de petits villages une musique innovante, intelligente, que l’on n’entend peu -voire pas- dans les médias. Apporter la culture, partout, est indispensable et Parfum de Jazz réussit particulièrement bien cette mission.
le 13/08/25 à Mollans-sur-Ouvèze (26)