Un concert à la salle des fêtes de Buis-Les-Baronnies. Saiyuki, “Un voyage en occident” proposé par un trio étonnant tant par la qualité de leur musique que par leur générosité vis-à-vis du public.
Une tectonique des plaques, mais de celle qui rassemble, qui unit, qui pacifie. L’Asie, le Japon plus précisément, représenté par Mieko Miyazaki et son magnifique Koto,
s’allie avec Prabhu Edouard aux tablas ; au milieu, transcendant les mélodies, les sons inspirés, uniques de la guitare du vietnamien Nguyên Lê.
Nous sommes ici dans l’épopée, la chanson de gestes musicale où chacun va nous faire partager les contes et les légendes fondatrices en des mélopées savantes, lyriques, parfois mélancoliques, souvent enjouées et ludiques, pour aller vers un jazz contemporain qui sort des sentiers battus mais adore les chemins de traverse. Tour à tour, les trois musiciens vont s’emparer d’un thème, d’une histoire, c’est l’Inde qui entame le voyage grâce aux tablas -angéliques et diaboliques à la fois- de Prabhu Edouard,
pour être rejoint avec malice par la guitare de Nguyên Lê, pizzicati, distorsions, boucles, petites notes virtuoses qui enjolivent le rythme, le poétise. Enfin, Mieko Miyazaki sur son Koto, aussi appelé harpe japonaise, un instrument à cordes pincées, vient s’insérer tout en discrétion et en finesse, et le trio construit une image sonore délicate, le voyage commence. Voyage qui continue dans les nombres avec Magic constant, la musique n’est-elle pas mathématique ? changement d’atmosphère avec vent d’automne , que chantait la maman du guitariste. Parcourons l’espace, c’est à la japonaise de nous conter l’histoire du couple des dieux japonais à l’origine de cette île. Mieko se fait mutine, puis les notes fusent, enflent, la voix de la japonaise monte, transcende la légende en une montée orgasmique impressionnante
– la création du monde le vaut bien- soutenu par les deux autres musiciens en une scansion limite psychédélique. Nguyên Lê avait prévenu, ce fut un moment particulier ! Prabhu Edouard renchérit avec une version très personnelle de l’histoire de Vishnou et Ganesh, pour nous proposer un très singulier mais magnifique Rap de Ganesh. Rythme métissé, les frontières géographiques et musicales explosent, les identités de chacun, bien présentes, fusionnent, jouent et s’entremêlent, se surprennent en des improvisations inspirées.
Les spectateurs sont littéralement enthousiasmés tant par la qualité de chacun des instrumentistes, que par leur empathie avec le monde qui les entoure. De longs applaudissements, un rappel et des spectateurs qui se rassemblent autour des musiciens, admirant les instruments,
continuant le dialogue entamé dès les premières mesures de tabla. La musique rassemble, et le public présent a bien eu de la chance de cheminer un moment avec ces aventuriers de la musique en général et du jazz en particulier.
Le 14 aout 2025, à Bius-Les-Baronnies (26)