On retrouve avec plaisir la salle de l’Espace Grappelli pour découvrir deux groupes, deux trios piano-basse-batterie de style très différents. Trafiquants de David Aubaile, précédé de Crazy Horses.
C’est le trio de jeunes musiciens italiens Crazy Horses qui ouvre cette soirée jazz. Ils sont aussi élèves du conservatoire voisin, le CNRR Pierre Cochereau. Le claviériste Edoardo Vruna a créé le groupe avec deux de ses amis Simone Giuffra à la batterie
et Federico Fugassa à la basse.
Ils entament le set par une reprise de Butterfly de Herbie Hancock. Clavier groovy, basse et batterie en renfort. Du pur jazz fusion très bien fait, Edoardo rajoute une petite touche de vocoder via le synthé Korg.
Puis le pianiste rejoint le piano à sa gauche pour une de ses élégantes compositions en pur piano-trio. Ils nous offrent ensuite une étonnante version de Naïma de Coltrane revisitée à leur façon-fusion.
Décontenancé au début on finit par enter dans leur univers dans lequel on retrouvera entre autres un très beau Footprints de Wayne Shorter lui aussi passé au vocoder ! Malgré tout on préférera les passages au piano acoustique.
Un court entracte et place à David Aubaile.
Karim Ziad est aux baguettes et pour cette soirée uniquement le bassiste Pierre Bonnet. Un répertoire qui fait une belle part largement à l’album «Trafiquants » paru en 2024. Mais comme David et Karim se fréquentent dans les studios et sur les scènes depuis longtemps, on entendra de leurs compositions plus anciennes telle le Ifrikya de Ziad en toute fin de set. Très beau thème qui mêle jazz et musique algérienne. La batterie sonne comme une derbouka,
le batteur donne aussi de la voix et Pierre Bonnet nous sort un solo de basse de toute beauté avec ce jeu très fluide qui le caractérise (même dans la fin du chorus en bas du manche). Mais n’anticipons pas, le trio commence par Alcantara, le titre qui ouvre aussi l’album, un mélange turco-méditerranéen selon les propres dires du pianiste qui l’a composé. Une ambiance mare nostrum que l’on retrouvera tout au long du set même si l’un des morceaux qui viendra plus tard se nomme Saratoga, écrit dans un train qui roulait vers New York. Pierre Bonnet qui n’a découvert ces thèmes qu’il y peu fait preuve d’une très belle intégration dans le groupe. On pourrait croire qu’il est le titulaire du poste ! Trois Jours de Marche, une longue composition permet de profiter des talents des trois instrumentistes. La main droite de David Aubaile qui parcourt le clavier presque en chantant,
le jeu de cymbales de Karim Ziad et les très belles lignes de basse souples de Pierre Bonnet sur sa Fender bleue. Beaucoup parmi les spectateurs découvraient ce groupe et tous sont sortis enchantés.
La salle Grappelli a conservé son aura.
Le 03/10/25 à l’Espace Grappelli – Nice (06)