#Hommage : Georges Wein #jazz #legend

Le jazz et la musique américaine ont perdu l’un de leurs plus grands champions, nous sommes tous très endettés (Herbie Hancock)

Le légendaire producteur de festivals George Wein est décédé le 3 septembre 2021 à l’âge de 95 ans.

Impresario, promoteur, pianiste, collectionneur d’art, philanthrope, Il fut durant sept décennies le présentateur de musique le plus influent au monde, l’une des plus grandes figures des coulisses du jazz.

Je suis heureux d’avoir fait partie de ce processus de développement du festival de jazz, de l’acceptation de cette musique comme art, et des efforts pour amener le jazz à un public plus large dans le monde entier » (Georges Wein)

Né à Boston le 3 octobre 1925, de parents juifs ashkénazes, Georges Wein joue professionnellement du piano dès l’adolescence. En 1944, il rejoint l’armée. En 1950, diplômé de l’Université de Boston, il ouvre son club de jazz à Boston « Storyville », et créer un label du même nom. Il a 24 ans. En 1954, avec l’aide de mécènes de son club, il lance le Newport Jazz Festival, premier festival de jazz en plein air, puis le Newport Folk Festival (Joan Baez, Bob Dylan…) Paradis des mélomanes, le Newport Festival est devenu le modèle, l’étalon-d’or des futurs festivals. Tous les grands noms du jazz s’y succèdent (Louis Armstrong, Ella Fitzgerald, Billie Holiday, Sarah Vaughan, Count Basie, Miles Davis, Duke Ellington, Nina Simone, Theolonious Monk, Charles Mingus, Franck Sinatra, John Coltrane, Dizzy Gillespie, Herbie Hancock, Wynton Marsalis, Trombone Shorty, Jon Batiste, etc…) Le Newport Festival gagne en popularité et en prestige, gardant son nom même après un déménagement à New York en 1972, la création des Kool Jazz Festivals (R.&B et soul), le parrainage avec JVC… Créateur du concept, Georges Wein produit des centaines de festivals à travers le monde (Festival Productions Inc) et offre la possibilité à de nombreux artistes internationaux de travailler aux États-Unis. Ces célébrations annuelles de la musique noire sont vénérées comme des événements culturels majeurs. Dès 1960 New-Orléans le courtise mais Georges Wein se heurte aux lois Jim Crow (ségrégation raciale et « codes noirs »). Nouvel essai en 1964, mais la discrimination continue en dépit de la nouvelle loi sur les droits civils, et son mariage avec la biologiste noire Joyce, complique les choses.

En 1970 il crée le New Orleans Jazz & Heritage Festival et l’Essence Festival aidé par Quint Davis, avec des artistes locaux (Mahalia Jackson, Pete Fountain, Pr Longhair, Muddy Waters, Fats Domino…).

Quand je suis venu ici pour la première fois, on m’a proposé de faire un festival comme Newport. J’ai dit ‘non, non, non, mec, New Orléans est quelque chose de très, très spécial. Il n’y a pas de ville au monde comme la Nouvelle-Orléans, du jazz au blues en passant par le funk… nous avons tout simplement combiné avec la nourriture, la culture, et l’ambiance.

En 1974 à Nice, George Wein redonne un nouveau souffle au festival, épaulé par Jean Louis et Simone Ginibre. La Grande Parade du Jazz est transférée dans le décor champêtre des jardins des Arènes de Cimiez. Les plus grands noms du jazz et les artistes locaux s’y produisent sur trois scènes (arènes, Matisse, jardins). Chaque été au milieu des oliviers l’immense fête populaire bat son plein. Les spectateurs déambulent parmi les stands de restauration et d’artisanat, vont d’une scène à l’autre en fonction des programmes, s’allongent sur les pelouses face à la scène des jardins, dansent devant la scène Matisse, croisent les musiciens et George Wein. La grande parade s’achèvera en 1993. En 2005 Joyce décède. Wein s’engage avec de nombreux sponsors.  La chère Joyce et George Wein développe le plus grand événement culturel et musical afro-américain aux États-Unis : dons, subventions pour des programmes d’éducation musicale, récompense annuelle de 50 000 $ allouée à des artistes par le biais du Studio Museum de Harlem, ouverture d’un établissement éducatif et communautaire dans le Tremé offrant des cours de musique gratuits, fourniture d’instruments, bourses d’étude…

Deux fois honoré à la Maison Blanche, Georges Wein accumule les prix les plus prestigieux pour ses efforts en faveur de la musique, de l’art afro-américain et pour ses œuvres caritatives. La France le décore de la Légion d’Honneur. Visionnaire, pionnier… Je garderai le souvenir de l’homme simple, aimant rire et raconter des histoires drôles, fréquenter les clubs de jazz, jouer du piano, partager un verre de bon vin avec ses amis dans sa maison de Vence. D’un été à l’autre, au hasard des festivals et des rencontres, nous reprenions le fil de notre conversation… Avec la musique le monde se balançait en harmonie. Il disait “le jazz c’est la vie !” Il a prouvé que l’on peut avoir une bonne vie en faisant exactement ce que l’on aime et vivre en phase avec nos désirs, gouts et envies.

Ecrit par Monique Bornstein

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