#Jazz & #Litterature : « Deep Blues » de Robert Palmer

« Le Blues est le mouvement culturel le plus important du XXème siècle » disait le journaliste et sociologue Greil Marcus. A travers l’ouvrage de Robert Palmer, musicologue averti, nous comprenons pourquoi cette musique est d’une importance capitale, aussi  bien musicalement qu’historiquement et sociologiquement.

Des origines jusqu’à la période moderne, et ses diverses ramifications qui se retrouvent dans le jazz, la soul music et le rock and roll, le pouls du blues n’a cessé de battre au coeur du monde occidental, et de ses bouleversements. Il est l’une des, si ce n’est LA contribution majeure, parfois contre leur gré, des Etats-Unis d’Amérique au patrimoine de l’humanité. Pourtant, il était au départ l’expression de la souffrance, et de cette souffrance est né une forme d’art. Ecoutons ce que raconte Robert Palmer :

“Les esclaves qu’on mettait au travail dans les champs du Sud provenaient de toutes les régions d’Afrique où sévissait la traite négrière. Que ce soit en chantonnant pour eux-mêmes, en criant des hollers d’un bout à l’autre du champ, ou en chantant collec­tivement pendant les heures de travail ou de culte, ils construisirent un langage musical hybride où se retrouvait la quintessence d’innombrables traditions vocales africaines­­­­.”

Digne d’un grand roman américain, Deep Blues dévoile une mosaïque de portraits saisissants : Muddy Waters, Robert Johnson, et d’autres, certains encore révérés aujourd’hui, d’autres carrément oubliés comme Leroy Carr, (mort d’alcoolisme en 1935) Les survivants qui racontent, avec force anecdotes fleuries, le cheminement de cette musique, ses déboires, ses lueurs d’espoir, jusqu’à la reconnaissance internationale, aussi bien par la critique et les historiens, que par le public. Par une ironie de l’histoire, la renaissance viendra d’Angleterre, grâce aux pionniers du British Blues Boom (John MayallRolling Stones, Eric Clapton, Animals, etc.) qui puiseront dans cet inépuisable réservoir , par là, et donneront l’envie aux musiciens blancs américains de se plonger dans ce passé récent mais alors méconnu. Un livre indispensable.

« Deep Blues » Robert Palmer. Traduit de l’anglais par Olivier Borre et Dario Rudy.

Editions Allia,Paru le 20 novembre 2020, Édition illustrée.

Ecrit par Gilbert D'Alto

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