Très souvent, la programmation des jeudis du jazz à Cannes privilégie les groupes émergents. Pour ce deuxième concert de la saison, c’est un groupe créé en 1973 qui est à l’affiche. Tout droit venu de Chicago, le Ethnic Heritage Ensemble du batteur-percussionniste Kahil El’Zabar.
Le public, dans la file d’attente ne sait pas trop à quoi s’attendre, le groupe à beau avoir plus de 50 ans d’existence, il est peu connu sur les rives de notre belle mer. Pourtant ce public, avide de découverte, répond présent, tous les sièges ont trouvé preneur. Kahil El’Zabar, un bracelet percussion à la cheville, s’empare d’un kalimba,
s’assoit sur un cajon et entame une mélopée alors que ces compères s’installent. Ishmael Ali au violoncelle,
Corey Wilkes à la trompette et aux multiples percussions et Alex Harding, un look rappelant celui de Muddy Waters, au saxophone baryton.
Le nom du groupe le laisse présumer, le répertoire plonge dans les racines de la musique afro-américaine dont Kahil El’Zabar est un fervent défenseur. La scansion du premier morceau n’est pas s’en évoquer Richie Havens sur la scène de Woodstock, le violoncelle rythmant les impulsions vocales du chanteur. Le spiritual jazz fait vite son entrée, on entend le thème de A Love Supreme soudre du baryton puis du violoncelle alors que Kahil El’Zabar qui a rejoint la batterie cingle ses cymbales en cadence.
Le groupe de semble pas avoir de setlist préétablie mais l’adhésion quasi immédiate du public leur permet d’aller du free jazz aux harmonies purement africaines ou, par moments, des instants shamaniques amérindiens, en revenant, encore et toujours, à l’essence même de la musique afro-américaine: le blues.
Quatre musiciens brillants, aussi virtuoses que chaleureux. Le leader, habitué des scènes (il a joué avec Cannonball Adderley, Dizzy, Paul Simon ou Stevie Wonder) est immédiatement en empathie avec les spectateurs qui le lui rendent bien. 
Retour à Coltrane avec Resolution pour le final suivi d’un long rappel qui enthousiasme à nouveau le public. Les commentaires enflammés à la sortie le confirment.
23/10/25, les Jeudis du Jazz au Théâtre Alexandre III de Cannes