Le premier plaisir du Saint Jazz Cap Ferrat, c’est le lieu où se déroule le festival, le Jardin de la Paix surplombant l’anse des Fossettes. Les pins, la mer et la musique. Pour ce premier soir, une découverte en jazz vocal Nirina Rakotomavo et un saxophoniste de renom : Julien Lourau.
Après les traditionnels discours d’ouverture, la chanteuse et claviériste Nirina Rakotomavo s’installe entre un piano et un synthé, suivie de son groupe
: aux chœurs Margaux Chicoisne et Ayelya,
à la guitare Mathias Di Giusto et le duo rythmique Elvin Bironien à la basse et Elie Martin-Charrière à la batterie (il vient de sortir un excellent EP (Era #P). Nirina chante en français, en créole de La Réunion, ses propres compositions et des airs traditionnels ou folkloriques. En duo avec son guitariste pour une reprise acoustique de Nougaro, en trio avec les deux choristes ou en sextette.
Il y a du maloya dans l’air mais aussi du jazz plus classique et même un certain esprit rock quand Mathias Di Giusto fait rugir sa Gibson SG sous la belle frappe du batteur.
La nuit est tombée, sans heurt, c’est le moment pour le quintette de Julien Lourau de jouer l’album « The Rise » (Label Bleu 2022).
Une perle, un peu oubliée, dans sa discographie qu’il réinvente presque 25 ans plus tard. Et cette musique n’a pas pris une ride. Le contrebassiste Fred Chiffoleau est toujours de la partie avec Laurent Coq au piano,
Sebastian Quezada aux percussions et Guilhem Flouzat à la batterie. Un véritable voyage qui nous amène aux Caraïbes en passant par l’Europe de l’Est avec un détour par l’Espagne. Des compositions au lyrisme embrasé. Sebastien Quesada use de toute la palette percussive des congas, cymbales, tambour, clochettes, cajon,
bien appuyé par les baguettes vivaces de son compère batteur. Quelques belles parties de piano viennent répondre à celles des saxophones soprano ou ténor du leader. Un petit problème de sono vient troubler le set mais, du coup, ils jouent deux fois cette merveilleuse mélodie Anda, Jaleo, un chant républicain de la guerre d’Espagne dont le poète Frederico Garcia Lorca avait écrit les paroles. En final, Tu mi turbi, (tu me troubles). Laurent Coq, en mode décontracté, joue seulement de la main droite, le regard vissé sur Julien Lourau qui nous offre un festival sur son ténor
propulsé par Sebastian Quesada hilare et son tambour traditionnel qu’il porte en bandoulière.
Pas de rappel mais que réclamer après une telle effusion de jazz !
07/08/25 au Jardin de la Paix – Saint Jean Cap Ferrat