#Portrait : Jacques Ferrandez

Dessinateur, illustrateur, scénariste et contrebassiste de jazz, Jacques Ferrandez a beaucoup de cordes à son arc. Né à Alger en 1955, la terre algérienne le marquera à jamais.

J’en veux pour preuve ses fameux « Carnets d’Orient », chef -d’oeuvre de la bande dessinée européenne qui connut un grand succès et, qui en dix tomes, conte l’histoire de l’Algérie de 1836 à 1962. Douze ans après avoir terminé les Carnets d’Orient, Jacques Ferrandez leur donne une suite en débutant les Suites algériennes dont le premier tome paraît en mai 2021. Il y eut aussi ses journaux de voyage : Voyage en Syrie (1999), Istanbul (2000), Irak, 10 ans d’embargo avec Alain Dugrand (2001), Liban (2001), Les tramways de Sarajevo en 2005, Retours à Alger en 2006, et également ses collaborations avec Tonino Benacquista, dans une veine proche du roman noir « La Maldonne des Sleepings ».

Mais ce qui nous intéresse au premier chef dans Le Jazzophone, c’est son travail en tant que dessinateur et musicien de jazz. Passionné de jazz, il s’initie à la contrebasse et fonde le groupe « Mille Sabords » (« Miles Aboard ») Avec pianiste, sax et batteur, lui-même s’occupant de la « Grand-mère » (contrebasse, dans l’argot des musiciens de jazz). En parallèle, il réalise des albums de BD ayant le jazz pour cadre, tout en frayant à Monaco avec le saxophoniste Franck Taschini. Ses premiers albums dans ce style remontent à la fin des années 80, particulièrement « Nostalgia in Tmes Square », titre d’un morceau de Charles Mingus (toujours la contrebasse…), et écrit avec la collaboration de Patrick Raynal, auteur de polars (à l’époque, directeur de la Série Noire chez Gallimard). Il publie ensuite Blues, histoires en bleu (éd. Art Moderne, 1990), sur un texte de Philippe Razol, et il illustre également des oeuvres d’autres piliers de la Série Noire, comme Didier Daenincx, Jean-Claude Izzo, Daniel Pennac, Phillipe Carrese

En 2006, puis en 2008, paraissent les deux premiers tomes de sa biographie dessinée de Miles Davis. Ces pages paraissent d’abord dans le mensuel « A suivre » puis chez Nocturne dans la collection BD Jazz, collection qui présente une BD consacrée à un musicien, accompagnée d’un ou deux CDs. Jacques est en bonne compagnie, puisque dans la même collection ont déjà oeuvré Jacques Loustal et Louis Joos, autres dessinateurs musicologues et fans de jazz, sous la direction de Bruno Théole. A cette occasion, il se produit en concert en tant que membre d’un quintet « Miles Aboard » qui comprend le regretté François Chassagnite à la trompette, son ami Franck Taschini au saxophone ténor, Linus Olsson à la guitare et Laurent Sarrien à la batterie.

La biographie de Miles Davis étant inachevée, en 2021 Jacques conclura la série avec un troisième et final tome, qui relatera le fameux concert de La Vilette en 1991, où Miles Davis avait réuni quelques-uns de ses compagnons de route pour revisiter son énorme répertoire. Invitant entre autres Jackie Mc Lean, Steve Grossman, Joe Zawinul ,Wayne Shorter, John Mc Laughlin, Herbie Hancock, Chick Corea, Dave Holland… A la fois une fascinante rétrospective et un chant du cygne. Miles s’éteindra le 28 septembre 1991, à l’âge de 65 ans. Pour célébrer cet anniversaire et la sortie de cet album, qui sera accompagné d’un enregistrement vinyle du fameux « Kind of blue », l’album de jazz le plus vendu au monde à ce jour. Jacques Ferrandez reprend la route en 2021. Il revisitera le répertoire de cet album, plus quelques standards accompagné d’un quintette de haut vol reprenant la configuration sur l’album. Nous retrouverons avec une joie sans mélange Renaud Gensane à la trompette, Franck Taschini au saxophone ténor, Sébastien Chaumont qui pour l’occasion reprendra son saxophone alto, Fred DOelsnitz au piano, Laurent Sarrien à la batterie et Jacques Ferrandez tenant évidemment la basse pour l’occasion. Un « all star sextet »  à ne manquer sous aucun prétexte ! Tout comme l’oeuvre entière, ce grand dessinateur, raconteur d’histoires (en anglais « story teiller », c’est plus joli…) et jazzman qu’est Jacques Ferrandez.

Un must !

Jacques Ferrandez a réalisé la Couverture du Jazzophone #24 mais également celle du numéro #9

Ecrit par Gilbert D'Alto

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