Freddie Redd, pianiste de hard-bop d’exception, né le à Harlem, vient de nous quitter à l’âge de 92 ans. Il était surtout connu en dehors du cercle des amateurs de jazz pour avoir tenu le rôle du pianiste dans le film « The Connection » de Shirley Clarke (1962) documentaire fictif mettant en scène le monde du jazz et de la drogue.
Pianiste largement autodidacte, il développa un style très personnel, ancré dans le be-bop, avec peu d’influences du jazz précédant ce courant, si ce n’est la présence constante du blues dans son jeu. Musicien original, il collabora surtout avec les aventuriers du jazz, tels que le saxophoniste Jackie Mc Lean, son comparse dans « The Connection », également natif de Harlem. Et aussi avec Paul Chambers, Charles Mingus, Howard Mc Ghee. Son jeu pouvait s’apparenter à celui de ses contemporains Wynton Kelly ou Red Garland, avec une influence des « voicings » de Bill Evans. Et surtout une influence majeure : Bud Powell. Après avoir tourné à Londres, avec la représentation théâtrale de « The Connection », le succès aux Etats-Unis se faisant attendre, l’essentiel de sa carrière se passera en Europe, en particulier au Danemark et en France. Néanmoins en 1974, il retourne aux USA, et s’établit à San Francisco, où il travaillera comme musicien de studio et accompagnera à l’orgue le chanteur de folk-rock James Taylor. Musicien profondément original et attachant, jouissant d’une réputation de « musicians’ musician » (« un musicien pour musiciens »), il s’éteindra dans sa ville natale de New York le 17 mars dernier. La majeure partie de son travail pour Blue Note peut se retrouver sur The Complete Blue Note Recordings of Freddie Redd, une somme pour qui voudrait connaître plus avant ce musicien au jeu d’une élégance rare.
Citons pour terminer, un clin d’oeil à Freddie de la part d’un autre pianiste, Ben Sidran :
« They played piano and it went like this They could swing as sweetly as an angel’s kiss Hearing George Shearing running steady with Freddie Redd, yes »
Bye, bye Freddie, have a good trip.