#LiveReport : Pierre Bertrand 5et & Hugh Coltman 4et à Peillon Jazz Festival

Premier festival, deuxième soirée. Deux sets. Un quintet, un quartet. Un décor majestueux de vieilles pierres et de feuillages qui donnent à cette manifestation une ambiance que l’on ressent tout de suite, un son que l’on apprécie, une douceur qui vous enveloppe. Jazz à Peillon prend ses marques. Marc Peillon aurait apprécié !

Il faut commencer par l’accueil, car une soirée de festival – surtout lorsqu’elle s’étend de 17h30 à plus de 23h – ce n’est pas que la qualité des artistes, c’est aussi l’environnement. Le Jazz à Peillon c’est d’abord un bouquet de bénévoles (de 7 à 77 ans !) qui vous aide à vous garer, vous permet de gravir les 4 kms sinueux afin de parvenir à la place où la scène est installée. Loin du bruit de la vallée, ce sont les cigales qui vous accueillent. Et des sourires. C’est aussi avec sourire que le quintet de Pierre Bertrand se met en place et attaque son arc en ciel de sons et de couleurs. Colors, nouvel album du saxophoniste va se dévoiler à nos oreilles en une déclinaison de morceaux chatoyants et rythmés.

Première teinte, le Jaune, mais aussi l’argent de la trompette de Anders Bergcrantz qui répond au saxophone tout aussi lumineux de Pierre Bertrand, couleur ambrée de la contrebasse de Christophe Walemme.

D’un côté, le pianiste Pierre-Alain Goualch apporte des notes détachées, pures cristallines qui répondent au discret mais très efficace batteur Matthieu Chazarenc.

De morceaux en morceaux, du Vert-Jupiter, aux dires du meneur, jusqu’au Rouge sang, le quintet dévoilera un paysage sonore parfois peint tout en délicatesse et parfois décliné en instant art plus rythmé, plus swing. Les arrangements sont sophistiqués, travaillés à l’extrème, mais jamais prétentieux, ni grandiloquents ; toujours au service d’un jazz tout à la fois classique et novateur, totalement accessible. La chanteuse Paloma Pradal apportera, pour l’avant dernier morceau, la puissance mais aussi les couleurs chaudes de sa voix en une mélopée complice et fusionnelle avec le sax de Pierre Bertrand, mots chantés et enchantés qui s’envolent vers les cieux.

Entracte : le prochain concert est dans deux heures, on pourrait craindre une lassitude dans ce petit village isolé. Que nenni, on peut s’attabler en terrasse, pique-niquer sur les nombreuses margelles grâce aux douceurs salées et sucrées vendues quelques marches plus haut.

Visiter la jolie exposition, hommage à Marc Peillon, installée par Jean François Ferrandez dans l’ancienne école. Et puis arpenter le village, discuter avec ses habitants et les bénévoles, s’arrêter au four communal ouvert exceptionnellement pendant tout le festival pour y faire de la socca…Ici, tout ne respire que jazz, calme et gentillesse.

21h, la nuit tombe, les cigales hésitent à cymbaliser, la voix d’Hugh Coltman nous attend.

Un set où le chanteur passera de l’intime, ses propres compositions autour des gens qui l’entourent, sa femme, son enfant, son père, à l’universel, les morceaux de Nat King Cole, Joni Mitchell et Jimi Hendrix. Un guitariste virtuose, Thomas Naïm,

attentif à l’extrême sur chacun des morceaux, accompagne de ses chorus chaque interprétation tandis que le batteur Raphael Chassin et le contrebassiste Fabien Marcoz, s’ils semblent plus discrets, interviennent pour rythmer à minima mais avec un maximum d’efficacité et de finesse. Car, dans ce concert, la sobriété est de mise, nul besoin d’ornementations ou de fioritures, les notes coulent et enrobent la voix toujours et constamment maitrisée du chanteur anglais, toute en émotion.  Et si chaque morceau a emporté l’adhésion du public, il faut s’arrêter sur les deux arrangements des chansons de Jimi Hendrix, que l’on peut écouter sur l’album Sounds of Jimi, de Thomas Naïm (Rootless Blues) où l’on retrouve les trois musiciens et Hugh Coltman. Castles made of sand , voix douce, ralenti à l’extrême, chorus de guitare bien loin des riffs du musicien disparu, lumineux, magique comme d’ailleurs if 6 was 9, tout à la fois hommage et renaissance.

La saison du Jazz sur la Côte d’Azur commence bien ! tout comme cette première édition du Peillon Jazz Festival qui a tous les atouts pour devenir un rendez-vous régulier et attendu des amateurs

Texte: Corinne Naidet
Photos : Jacques Lerognon

Ecrit par Corinne Naidet

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