Une salle pleine, celle de l’Espace Leonard de Vinci à Mandelieu, pour accueillir le trio de Laurent de Wilde, qui de son piano, accompagne et veille sur ses deux complices Donald Kontomanou à la batterie et Diego Imbert à la contrebasse.
La plupart du temps, les groupes se produisent pour présenter leur nouveau projet, leur dernier album. Certes les trois musiciens ont joué des morceaux du dernier enregistrement de Laurent de Wilde, Life is a movie, mais le groupe emmené par le pianiste virtuose nous a offert un magnifique panorama du jazz d’hier et d’aujourd’hui. Et pour commencer, le swing vif, nerveux du piano pour interpréter un standard, Old Devil Moon. Très vite les baguettes de Donald Kontomanou tressautent, rythment joyeusement ce morceau,
tandis que les doigts de Diego Imbert instillent des tonalités chaleureuses et chaudes. Après le deuxième morceau, Laurent de Wilde prend la parole,
tout d’abord pour présenter les musiciens, le batteur, « pour qui la syncope n’est jamais un accident » et le bassiste, « qui a le ton le plus juste, tout le temps » – qui remplace avec grand talent Jérôme Regard – mais aussi pour nous conter sa musique préférée. Ses rencontres, ses enthousiasmes. Ainsi, à New York, lors d’une interview, il a enfilé les pantoufles d’Ahmad Jamal, et son émotion transparait lors des premières notes de Awakening, composé par le pianiste légendaire. Enchainement avec un autre titre Poinciana, magnifique image sonore de cette antienne, mélodie douce et sereine, chatoyante dont le rythme est donné par la basse.
L’on arrive aux compositions originales, le pianiste continue à nous faire voyager dans le temps avec Les paradis perdus, aux sonorités de balafon- le musicien semble aimer trafiquer les cordes de son instrument. Après Back on the Beat, une renaissance, un hymne à la joie, c’est à une réinterprétation magique de Round Midnight que nous convie le trio. Tout à la fois respectueux de Thelonious Monk – Laurent de Wilde en est un spécialiste – nous suivrons aussi les chemins détournés dans lesquels nous emmènent les trois musiciens,
l’élan vital, débordant avec lequel ils abordent ce standard, une cohésion remarquable dans le rythme, soutenu par un riff de contrebasse inspiré. Le temps passe, le dernier morceau extrait de l’album Life is a movie fait passer le public par toute une palette d’émotions. Un rappel, Locomotive, qui, selon les dires de Laurent de Wilde, va nous permettre de rentrer quiètement vers de nouveaux rêves. Le rêve, ce fut ce concert, si intelligemment construit autour de cette musique protéiforme.
Le jazz, ainsi que la vie, peuvent faire passer par toutes les émotions, les drames, les joies, l’enthousiasme et l’abattement, chaque note fut là pour nous le rappeler, avec beaucoup de générosité et de finesse.
Vendredi 22 mars, Espace Léonard de Vinci, Mandelieu-la-Napoule