#Litterature : Laurent de Wilde « Les fous du son »

Les amateurs de jazz connaissent bien le pianiste Laurent De Wilde pour ses nombreux albums en solo, trio ou plus. Beaucoup ont découvert l’écrivain avec son livre sur Thelonious Monk (« Monk » – Gallimard – 1996) plusieurs fois récompensés.

Presque 20 ans plus tard, De Wilde reprend la plume (le clavier) pour un ouvrage « Les fous du son » que lui-même défini comme : un guide de voyage au pays du son, de la musique et de l’électricité. De savants en ingénieurs, de chercheurs en inventeurs fous nous allons naviguer au fil des pages, des prémisses de cette fée magique que fut l’électricité avec Thomas Edison et son alter-ego Nikola Tesla jusqu’aux créateurs du synclavier cher à Frank Zappa ou ceux des synthés Oberheim et Prophet que l’on voit encore souvent sur les scènes jazz ou autres (voir la belle collection de Snarky Puppy).

Mais ne nous méprenons pas, ce livre n’est pas un manuel technique, une longue série d’équations, il s’adresse à l’amateur de musique qu’elle soit électronique ou pas. Il y a, dans les dernières pages, un glossaire des mots techniques mais on n’y a fort peu recouru tant la prose de De Wilde est facile d’accès. Certes il y a le normalien derrière ces lignes mais c’est surtout le musicien ou le musicologue qui écrit. Le beau travail de documentation, les théories mathématiques ou musicales (timbre, attaque, fréquence, fondamentale, modulation), il y a des objets qui servent la musique, Edison a inventé l’électricité mais aussi breveté le phonographe. Souvent ces bricoleurs de génie sont aussi musiciens.

Le premier de la longue série, Thaddeus Cahill pensait que le clavier est le trait d’union entre la science et la musique, son Telharmonium électromécanique de près de 200 tonnes n’aura pas le succès qu’il escomptait mais il reste l’ancêtre de tous ceux qui vont suivre jusqu’au Korg des années 2000. Nous n’allons pas dans cet article, s’attarder sur chacun des découvreurs-constructeurs. Il n’est d’ailleurs pas obligatoire de parcourir ce guide de façon continue, chronologique, le sommaire détaillé nous permet de naviguer d’un savant étasunien à un ingénieur russe en passant par un Géo Trouvetou français ou italien au gré des noms poétiques de leur création. On en évoquera ici quelques-uns, les étranges Ondes Martenot* (1928) que l’on trouve encore dans certains studios, Messiaen en raffolait ou l’instrument de Hugh Le Caine, le Saqueboute électronique (1945) dont le seul nom fait rêver.

Une balade au cœur du son aussi passionnante qu’instructive.

* On écoutera avec bonheur l’album « Chimères (pour ondes Martenot) » de la compositrice et ondiste Christine Ott (https://christineott.bandcamp.com/album/chime-res-pour-ondes-martenot)

https://www.laurentdewilde.com

Ecrit par Jacques Lerognon

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