Ce samedi au Nice Jazz Fest ! nous allons découvrir deux jeunes talents; l’américain d’origine haïtienne Tyreek McDole et la saxophoniste londonienne Nubya Garcia. Puis en deuxième partie de soirée deux formations d’artistes étasuniens à la déjà longue carrière ; le trio de Christian McBride et les sept grands anciens de The Cookers.
Point besoin de spot à led ou de poursuite, la scène du Théâtre de Verdure est éclairée par un beau soleil estival quand le chanteur Tyreek McDole entre avec son groupe.Il commence par jouer quelques notes sur un synthé avant de prendre le micro et deux instruments de percussions.
Il chante, avec une voix chaude aux intonations soul et folk, une ancienne composition d’Alice Coltrane, puis une d’Horace Silver et un vieux blues popularisé par Ray Charles, « Lonely Afternoon » . Moment presque intime en piano-voix, « Lush Life » écrit par Billy Strayhorn.
La fin du set est un peu moins convaincante, plus sirupeuse. Mais il n’a que 25 ans, laissons-lui le temps.
Nubya Garcia avait déjà étonné le public lors de son premier passage, sur cette même scène, en 2019.
Elle a poursuivi son chemin vers le haut et on la retrouve avec un quartet Mark Luthert à la contrebasse, Lyle Barton au piano et Sam Jones à la batterie.
Elle a bien assimilé toutes les influences (jazz, soul, caribéen, r’n’b, musiques urbaines) et s’est créée un style personnel, original et sans artifice. Un son de ténor groovy qui aime à monter dans les aigues. Des titres de son dernier album « Solstice ou « We Walk In Gold » et d’autres du précèdent. Elle a une belle complicité avec Lyle Barton, pianiste expressif et volubile.
Hélas, le set se finit trop vite, elle est un peu coupée dans son élan par la montre. Mais, n’en doutons pas, elle reviendra vite.
21h45, le trio que Christian McBride forme avec le pianiste Benny Green
et du batteur Greg Hutchinson va célébrer l’un des plus fameux contrebassistes du 20e siècle, Ray Brown.
Une trop courte heure pour évoquer un musicien qui a enregistré plus de 200 albums et joué avec les plus grands (Ella, Dizzie, Bird, Oscar Peterson et bien d’autres). Eux que l’on a l’habitude de voir toujours très bien habillés, sont en tenue casual, selon l’expression de McBride, leurs valises n’ayant pas pris le même avion qu’eux. Cela ne les empêche nullement de nous délivrer un set impeccable d’un jazz old school qui ravive des souvenirs à une partie du public et donne à l’autre l’envie de fouiller dans la discothèque des parents. Greg Hutchinson a une frappe assez virile mais il sait aussi s’amuser avec le public.
« That’s All » magnifique ballade ou « Captain Bill » un thème que Ray Brown avait dédié à Count (William) Basie. Et les voilà repartis en coulisse.
Les techniciens s’affairent, il faut préparer le plateau pour The Cookers. Sept musiciens, sept pupitres et bien plus de micros. Puis les voilà qui rentrent sur scène, démarches trainantes mais ils tous passés les 80 ans, Billy Harper (sax), Eddie Henderson (trompette), George Cables (piano), Cecil McBee (contrebasse), Billy Hart (batterie) & Donald Harrison (sax) à l’exception du benjamin le trompettiste David Weiss qui n’en a que 60 !
Après avoir joué avec le gotha du jazz américain pendant plus de quarante ans, ils ont formé The Cookers il y a plus que 15 ans et ils tournent encore dans le monde entier. Il est assez naturel de les retrouver au Nice Jazz Fest et de profiter de leur formidable expérience. Du hard bop au cool.
Un très haut niveau de musicalité. Des passages très écrits, à sept puis des solos qui se succèdent pour le plus grand bonheur du public.
Sagement, entre deux chorus, ils vont s’assoir sur une des chaises placées à droite mais ils ne quittent pas des yeux leurs camarades de jeu.
Un All-Star vétéran pour un final en swing majeur..