#INTERVIEW : Monique Bornstein

Monique Bornstein, peintre qui vit et travaille à Villefranche-sur-Mer, (son atelier/galerie est situé au-dessus de celui qu’occupait Jean Cocteau) c’est l’histoire de deux passions, celle de la peinture, qu’elle pratique avec succès depuis de nombreuses années et qui l’a menée à exposer aux quatre coins du monde, des USA (New York, Miami et surtout la Nouvelle-Orléans) à l’Angleterre en passant par la Suisse, les Pays-Bas, le Canada, Paris, Londres, Bruxelles, etc… et celle du jazz dont elle passionnée depuis l’adolescence, et qui constitue l’un de ses sujets de prédilection, comme on peut le constater dans le magnifique livre qu’elle a consacré à la Nouvelle-Orléans « Spirit of New-Orleans » où ses portraits de musiciens légendaires de la ville comme (entre autres) Fats Domino ou Allen Toussaint, la famille Marsalis ou James Andrews et son frère Trombone Shorty, et d’autres, moins connus, mais tout autant magnifiés, vous sautent au visage, criants de vérité et de swing. Le livre est en outre truffé d’anecdotes, drôles, touchantes ou pittoresques.

Monique Bornstein, quelle a été votre première passion, jazz ou peinture ?

Monique Bornstein : J’ai toujours peint, aussi loin que je m’en souvienne. Le jazz, je l’ai découvert à treize ans, j’écoutais la légendaire émission « Pour ceux qui aiment le jazz «  de Frank Ténot et Daniel Filipacchi sur Europe 1. En cachette, car mon père, communiste, en ces temps de guerre froide, m’interdisait le jazz, musique américaine.

D’où vous est venue votre attirance pour La Nouvelle-Orléans et ses musiciens ?

Comme beaucoup de gens de ma génération (celle d’après-guerre),  je rêvais d’Amérique, et je m’y suis rendue plusieurs fois pour présenter mes oeuvres dans diverses galeries du pays, et j’ai connu la Nouvelle-Orléans milieu des années 90. J’y étais allée pour exposer des œuvres qui n’ont rien à voir avec le jazz, et mon mari (Paul, aujourd’hui décédé NDLR) et moi avons eu le coup de foudre et nous y sommes retourné chaque année pendant dix ans, à la période du festival du jazz et nous nous sommes liés d’amitié avec beaucoup de musiciens, qui nous ont fait connaître des endroits et des quartiers où à l’époque aucun blanc ne mettait les pieds.

Vous êtes très liée avec la famille Andrews, en particulier le trompettiste et chanteur James, que vous connaissez depuis longtemps:

Oui, je connais James depuis plus de 20 ans, il m’a emmenée à Treme (le quartier des musiciens, sujet de la série HBO du même nom .NDLR) où j’ai eu la surprise de découvrir un de mes croquis  au-dessus du canapé chez un ami musicien. Je me souviens aussi du jeune Troy Andrews (alias Trombone Shorty) soufflant à s’époumoner dans un trompinette, et qui n’avait pas plus de huit ans…

Etes-vous uniquement fan du jazz Nouvelle-Orleans , ou de toute l’histoire du jazz ?

Toute l’histoire du jazz, absolument, de La Nouvelle-Orléans jusqu’au plus moderne. D’ailleurs, il y a à La Nouvelle-Orléans même des gens qui jouent de manière très actuelle. Je pense à des gens comme Terence Blanchard, Christian Scott, Donald Harrison, Branford Marsalis et bien d’autres encore.

Vous être une silhouette connue de tous les festivals de jazz, Nice, Juan, Marciac, Vienne, etc. assise à même le sol et devant la scène, papiers et pinceaux à la main. D’où vous est venu ce goût de la peinture en direct, sur le vif, « live » diraient les musiciens ?

C’est pour faire ressentir au plus profond la musique jouée que je la peins en l’écoutant et la regardant. J’ai l’impression de faire partie de l’orchestre, ma palette et mes pinceaux sont mon instrument, et je m’exprime à travers eux comme un musicien à travers son saxophone ou sa trompette.

Une dernière question : Un projet en cours qui vous tient à coeur ?

Oui, j’aimerais éditer un nouveau livre sur Treme, le quartier et ses habitants, que j’ai peint pendant des années, et qui a beaucoup souffert de l’ouragan Katrina. D’ailleurs certains musiciens que j’ai peints dans « Spirit of New-Orleans » ont été emportés par l’ouragan, et j’espère vraiment pouvoir mener ce projet à bien.

Ecrit par Gilbert D'Alto
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