#JAZZ & #LITTERATURE « Les Souterrains » de Jack Kerouac

Peut-être encore plus que son célèbre « Sur la route », s’il est un roman de Jack Kerouac absolument imprégné de Jazz, c’est bien « Les Souterrains », (titre original « The subterraneans ») car l’action se déroule presque uniquement dans des caves et des clubs de jazz de San Francisco, qui avec Greenwich Village constituait la Mecque des Beatniks, ces existentialistes américains épris de liberté qui cherchaient comme disait Rimbaud, l’une de leurs références majeures, à se rendre voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens.”

Le livre raconte la brève et triste histoire d’amour entre Mardou Fox, une jeune femme noire, et un marin (blanc) Léo Percepied, ce qui en 1953, date de parution du livre, était pour le moins osé. La liberté, justement, il en est fortement question dans le livre, car Mardou est présentée comme un esprit libre, fréquentant les clubs de jazz, une sorte de pendant afro-américain à notre Juliette Gréco. Le personnage est inspiré de Alene Lee, l’une des maîtresses de Jack Kerouac, et qui selon ses dires, fut l’une des femmes à la plus forte personnalité parmi toutes celles qu’il fréquenta.

D’autres personnalités de la beat generation se succèdent dans le roman, sous des pseudonymes. Frank Carmody est ainsi William Burroughs, Adam Moorad est Allen Ginsberg, Larry O’Hara est Lawrence Ferlinghetti, Leroy est Neal Cassady, etc.

Le jazz est tellement présent dans le livre que l’on a l’impression d’avoir un fond sonore en le lisant. On sait que Kerouac était fou de jazz, qu’il écrivit une ode à Charlie Parker, qu’il nomma les textes de son recueil de poèmes « Mexico City Blues » (le titre déjà …) non pas avec des titres, mais en chorus, comme ceux des musiciens de jazz lorsqu’ils improvisent.


Le livre est écrit dans un style saccadé, une prose nerveuse et enflammée, ce qui s’explique lorsque l’on sait que Jack Kerouac l’écrivit en trois jours sans dormir, en tenant le coup grâce aux amphétamines.

Un film, réalisé par Ranald Mc Dougall en fut tiré en 1960, mais le personnage de la jeune Noire fut remplacé par la Française Leslie Caron, ce qui enlevait tout le contexte socio-politique du livre, pour illustrer simplement le style de vie « extravagant »  des beatniks. En revanche, la bande originale composée par André Prévin contient de très belles choses, en particulier des soli flamboyants de Gerry Mulligan au sax baryton.


« Les Souterrains »  Jack Kerouac, Gallimard, collection Folio.

Ecrit par Gilbert D'Alto

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