#LiveReport : Jazz à Juan, jour #3 : Kenny Garrett, Wynton Marsalis

Troisième journée dans La Pinède Gould, une de celles où Jazz à Juan mérite complètement son nom, Du jazz pur, celui qui ravit les puristes, celui ancré dans la tradition du jazz et de son histoire. Avec deux formations de de renom et de qualité, de celles qui brillent au firmament de cette musique : Tout d’abord le Quintet de Kenny Garrett, et ensuite le Lincoln Center Jazz Orchestra dirigé par le légendaire Wynton Marsalis.

Kenny Garrett tout d’abord. Entouré d’un quartet de folie : Vernell Brown, piano, Corcoran Holt, contrebasse, Samuel Louisa, batterie et Gary Bird Jr, percussions, celui dont Miles Davis déclarait qu’il était « le meilleur saxophoniste avec qui j’ai joué depuis Coltrane et Shorter » attaqua sur les chapeaux de roues avec un morceau très free, plus proche d’un Ornette Coleman que des volutes binaires de son regretté  employeur, et Vernell Brown, faisait quant à lui penser à un Cecil Taylor rondelet et exubérant. Retour au classicisme avec un morceau bebop de belle facture, puis un morceau au Groove funky avant que de renouer avec l’art de la ballade pour un « Body and Soul » d’anthologie, puis le remuant et « créolisant » groove de « Happy People » mit la Pinède debout en chantant le refrain. Un concert court mais exceptionnel de celui qui reste à l’heure actuelle l’un des meilleurs, si ce n’est le meilleur, sax alto au monde…

Ambiance nettement plus compassée avec Wynton Marsalis et Le Lincoln Center Orchestra, L’auguste Wynton évoque plus un professeur d’histoire sérieux et pédagogue qu’un jazzman débridé et rigolard, comme l’est en revanche Kenny Garrett. Le clou de la soirée, après une introduction qui aligna les thèmes fort classiques, et qui pourraient paraître pour d’aucuns passablement ennuyeux, fut cette relecture absolument passionnante du « A Love Supreme«  de John Coltrane dans son intégralité, le maître Marsalis ayant concocté des arrangements d’une folle luxuriance qui donnaient à cette oeuvre jouée une seule fois dans sans son intégralité sur cette même lors du Festival Jazz à Juan en Juillet 1965. Une interprétation qui en laissa plus d’un pantois devant la munificence du projet et de sa réalisation. Si l’on ne devait voir qu’une seule soirée à Jazz à Juan 2021, c’était sans doute celle-là.

https://www.jazzajuan.com

Ecrit par Gilbert D'Alto

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