#LiveReport : Festival Les émouvantes Partie 1

Pour la troisième année, la rédaction du Jazzophone délègue l’un de ses représentants au cœur de la cité phocéenne, pour vous faire vivre en différé le Festival Les Emouvantes. Quatre soirées de jazz et de musiques improvisées dans le cadre somptueux du Théâtre des Bernardines, à Marseille donc.

Mercredi 18 septembre.

19h Mélissa Von Vépy et Stéphan Oliva

Sur la droite de la scène, un piano, un tabouret de bar. Au centre, un trapèze et une construction de 12 miroirs carrés, après quelques mots d’introduction de Claude Tchamitchian, directeur artistique, le festival accueille le duo Mélissa Von Vépy et Stéphan Oliva pour “Miroirs, Miroirs”. Premier tableau, une improvisation en piano solo sur un motif de Bartók en forme de fugue. Stéphan Oliva vit totalement sa musique, tout d’abord de forme assez simple, lente et peu à peu le motif se construit, la main droite joue à gauche, l’effet miroir est déjà là. Le rythme s’intensifie puis sur un dernier accord, la danseuse Mélissa Von Vépy entre en scène. Deuxième tableau, des silences, du piano, des glissés légers puis, elle brise l’un des miroirs au centre et s’enroule pour une chorégraphie aérienne acrobatique, poétique et saisissante, souligné par les notes du piano en volutes autour de sa danse.

Une ode à la musique, au mouvement et à la liberté. Un spectacle d’une bouleversante beauté.

21h. Bruno Angelini & Michele Rabbia Quartet

Le piano Préparé de Bruno Angelini, les percussions de Michele Rabbia tisse une trame sonore improvisée sur laquelle le saxophoniste norvégien Tore Brunborg pose ses trilles et arpèges. Derrière, le vidéaste Romain Al’l, les doigts sur le clavier de son ordinateur projette des séquences d’images, des ballets de lignes,

des vidéos des musiciens très pixellisées, prises depuis des caméras thermiques. Tour à tour, la musique semble suivre les images puis la musique s’appuie sur la vidéo. Le pianiste mailloche en main tape sur les cordes du piano, le regard fixé sur l’écran, sa main gauche battant la mesure que déconstruit Michele Rabbia.

Le sax construit des courtes mélodies pures puis c’est le tour du percussionniste de mener la cadence. Les pixels traversent l’écran sous les coups de baguettes, les vibrations des objets divers posés ou lancés sur les peaux. Les cymbales cinglées par les baguettes, les balais vibrent dans une succession d’harmoniques

Un moment d’exception, la fusion quasi charnelle du son et de l’image.

Jeudi 19.

19h Sylvain Kassap – Benjamain Duboc

Un duo d’apparence plus classique, clarinettes- contrebasse. Mais les deux musiciens, improvisateurs talentueux nous réservaient un bien beau set pour la sortie de leur premier album “Le funambule“. Deux longues impros, morceau 1 puis morceau 2. Recherches de timbres, rythmes par vraiment apaisés! Ne vous attendez pas à une walking bass sur laquelle la clarinette sydneybechetterait.

Les aigus de la clarinette répondent aux basses profondes frottées à l’archet. Tout le set se base sur une écoute attentive. Des sonorités baroques succèdent à des tonalités plus orientales, les mugissements granulés de la clarinette basse de Sylvain Kassap s’infiltrent dans les cordes triturées par Benjamin Duboc.

La qualité de l’instant fondu dans la beauté du tout.

21h  Guillaume Orti Quintet

Une commande du festival, que le saxophoniste Guillaume Orti a nommé “…Ence”. Entre présence et absence, il n’a pu choisir nous dit-il. Aux habituels piano, Benoit Delbecq,

contrebasse Nathan Wouters, les saxophones du leader, le groupe intègre un percussionniste François Verly, littéralement entouré d’objets à frapper, à bouger, à étirer

et encore plus rare, en jazz tout au moins, une vièle à roue, dans les mains de Ben Grossman, un instrument moyenâgeux mais branché sur un moderne pédalier d’effets.

Là encore, pour notre plus grand plaisir, l’improvisation de tout et de chaque instant. Étrange univers créé par Guillaume Orti où la composition se fond dans un impromptu réglementé. Le côté médiéval de la vièle, celui plus oriental des percussions tablas, un piano préparé  et les différents saxophones conjuguent un même moment de musique contemporaine.

Une longue pièce totalement envoûtante de laquelle les spectateurs auront du mal à sortir avant d’aborder la seconde, plus courte, plus enjouée, plus jazz en fait!

La suite dans un prochain article…

Ecrit par Jacques Lerognon

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