#Jazz & #Littérature : « Piano Jazz, une histoire » d’Isabelle Leymarie – Editions du Jasmin

Instrument immensément populaire, (le plus sans doute, avec la guitare) le piano est l’un des instruments rois du jazz. A la fois harmonique, mélodique et percussif, il couvre le spectre entier des possibilité jazzistiques. Il était temps que soit rendu hommage à celui qui est le véhicule total de la composition et de l’improvisation.

C’est chose faite avec ce livre d’Isabelle Leymarie. Dans cet ouvrage fort bien documenté et d’un abord facile,(nul n’est besoin d’être pianiste pour le lire), Isabelle Leymarie dévoile toutes les facettes du piano jazz, de sa préhistoire lors de la période du ragtime (dont le piano est l’instrument principal) jusqu’à ses ramifications les plus actuelles, incluant free jazz, jazz fusion, electro-jazz, acid-jazz, etc…

Tous les grand maîtres de chaque période sont présents, de James P. Johnson à Brad Mehldau en passant par Bud Powell, ainsi qu’une subdivision par époque tout d’abord, ensuite par courant  (swing, bop, modal, free, etc.) et également par les lieux typiques d’un style, tels que New-Orleans, Chicago, New York, Memphis, Detroit… Néanmoins, si une bonne partie du livre est consacrée, et ce n’est que justice, aux Etats-Unis, patrie de naissance du jazz, Isabelle Leymarie n’oublie pas l’Europe (Angleterre, France et Italie en particulier) ni le reste du monde. Les Antilles, le Brésil, Cuba, le Japon et bien d’autres contrées ont également voix au chapitre, et leurs pianistes vedettes aussi.

Véritable encyclopédiste du jazz, elle accorde également de la place à des pianistes pas ou peu connus du grand public, mais néanmoins importants, comme Matthew Ship, Richie Beirach ou le Français Bernard Mary. Pourtant une absence de taille à mon avis : celle de Ben Sidran, natif de Philadelphie, pianiste, chanteur, producteur, journaliste, écrivain, professeur de musicologie et responsable de nombreux albums avec Richie Cole,  Woody Shaw, ou Johnny Griffin. Son style de piano et son phrasé «  parlé-chanté » font merveille, interviewant Miles Davis pour la télévision ou adaptant Bob Dylan en jazz. Auteur aussi de « Black Talk, le langage du jazz et du blues ». Un oubli à réparer d’urgence. Décrivant le style et la personnalité de chacun de ces chevaliers des 88 touches, le travail d’Isabelle Leymarie suscite néanmoins l’admiration par son exhaustivité et sa précision, avec ça et là, une touche d’humour bienvenue. Une partie du livre est consacrée aux commentaires des pianistes eux-mêmes sur leur art, certains étant très (trop ?) modestes (Bill Evans), d’autres purement techniques, ou carrément philosophiques (Keith Jarrett), la palme revient pourtant à Art Tatum qui résume cet art difficile mais ô combien passionnant en une seule phrase : « Ne jouez pas du piano, laissez le piano jouer de lui même ».

On pourra regretter, et c’est mon cas, l’absence des organistes, dont certains ont également été de grands pianistes : Je pense à Jimmy Smith ou Eddy Louiss par exemple, et plus près de nous David Sancious ou le Britannique Brian Auger. Aussi d’autres musiciens étrangers à l’univers du jazz per se  (« à proprement parler ») mais dont l’univers en est souvent très proche. Je pense à Stevie Wonder (dont on ne compte plus les reprises en jazz), Fats Domino, Aretha Franklin, et d’autres soulmen et soulwomen, qui pratiquent le jazz en filigrane et l’intègrent souvent dans leurs compostions. En appendice, un cadeau précieux : les réflexions de Joe La Barbera qui fut le dernier batteur de Bill Evans, sur son illustre et regretté leader, dont l’ombre plane sur une bonne partie du livre. Un index et une bibliographie complètent cet excellent ouvrage qui ravira tous les passionnés de la note bleue, surtout lorsqu’elle s’incarne en noir et blanc.

« Piano Jazz, une histoire » d’Isabelle Leymarie – Editions du Jasmin

Ecrit par Gilbert D'Alto

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